Le Cerefe note que "les installations de génération d'électricité à base de ressources renouvelables connectées au réseau, réalisées à ce jour, relèvent de programmes initiés par des institutions publiques". L'Algérie prévoit de produire l'équivalent de 15 000 mégawatts d'électricité d'origine solaire "d'ici à 2035", selon les récentes déclarations du ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Chems Eddine Chitour. L'objectif fixé devra être atteint de manière progressive de 2021 à 2035, avec la réalisation, chaque année, de "1 000 mégawatts" de puissance installée. Certains observateurs ont bon espoir que cette fois-ci, ce projet pourrait aboutir. D'autres en doutent, vu les échecs passés. Tout le monde sait ce qu'il est advenu de la promesse sur le programme des énergies renouvelables qui consistait à installer une puissance d'origine renouvelable de l'ordre de 22 000 MW à l'horizon 2030. Dans son premier rapport sur la transition énergétique en Algérie, le Commissariat aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique (Cerefe) dresse un constat clair et sans appel à ce sujet : "Avec le recul, on observe qu'à ce jour, le planning tracé n'a été ni suivi ni n'a vu un début d'application quelconque." En effet, poursuit le document, "la seule activité visible sur le terrain dans le domaine des énergies renouvelables dans le pays, depuis 2015, a essentiellement été dominée par la réception des centrales solaires photovoltaïques totalisant 343 MW du programme lancé en 2014 par SKTM". À côté de cela, ajoute le rapport, Sonatrach a mis en service en 2018 une première centrale solaire photovoltaïque de "10 MWc à Bir Rebaa Nord, wilaya d'Ouargla et ce, dans le cadre de sa stratégie qui vise à déployer une capacité totale de 2 300 MW en énergie solaire à l'horizon 2030". Le Cerefe, par ailleurs, fait observer que "comme dernière tentative de combler le grand retard enregistré dans le pays en matière de développement des énergies renouvelables par rapport aux objectifs fixés, notamment après l'échec du projet de 4 050 MW, la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg) a été contrainte de lancer un appel d'offres beaucoup plus modeste, soit 150 MW de solaire photovoltaïque". En effet, souligne le Commissariat à l'énergie, "une formule d'appel d'offres aux enchères relevant des prérogatives de la Creg a bien été instituée à travers le décret exécutif n°17-98 du 26 février 2017, au même titre que l'appel d'offres aux investisseurs relevant exclusivement des prérogatives du ministère de l'Energie". Et de rappeler que malgré le caractère "assez modeste du projet" (150 MW) faisant l'objet d'appel d'offres, seul "un tiers de la capacité proposée, soit 50 MWc, a pu trouver preneur, sans confirmation à ce jour du début des travaux". Le Commissariat note, en outre, que " l'ensemble des installations de génération d'électricité à base de ressources renouvelables connectées au réseau, réalisées à ce jour, relèvent toutes de programmes initiés par des institutions publiques (SKTM, Creg, Sonatrach) et réalisées sur fonds propres de l'Etat". La procédure des appels d'offres est-elle une bonne formule ? "Alors que la procédure des tarifs d'achat garantis (Feed-in-Tariffs) n'a donné lieu à aucun début d'exécution, bien que ses fondements juridiques et réglementaires aient été finalisés et longuement mîris auprès des éventuels investisseurs, une nouvelle procédure basée sur les appels d'offres est venue la remplacer", souligne le Cerefe. En fait, fait-il remarquer, "une telle initiative a été le prélude à un encadrement juridique spécifique au lancement d'un nouveau programme de 4 000 MW de solaire photovoltaïque, réajusté par la suite à 4 050 MW et subdivisé en trois lots de capacités identiques de 1 350 MWc chacun". Au final, déplore le Commissariat à l'énergie, "ce projet, qui comportait en plus de la production d'électricité solaire photovoltaïque (PV) un volet industriel d'accompagnement, n'a jamais eu de suite et n'a fait l'objet d'aucun appel à investisseurs depuis, malgré l'urgence signalée quant à sa mise en œuvre".