Le gouvernement fraîchement installé au Yémen s'efforce de rétablir l'ordre dans le pays notamment dans la capitale provisoire Aden, et de réhabiliter les institutions de l'Etat, appelant les Yéménites à "resserrer les rangs" pour surmonter tous les obstacles et faire face aux attaques armées des Houthis, en lutte depuis 2014 contre le pouvoir central. Le nouveau gouvernement de compétences politiques formé en application des obligations de l'Accord de Ryadh, et présidé par Maïn Abdelmalek, a tenu sa première réunion jeudi dernier dans la capitale provisoire, au lendemain de l'attaque terroriste ayant visé l'aéroport international d'Aden. Dans sa première réaction à cet attentat, largement condamné, le ministre yéménite de l'Information, de la Culture et du Tourisme, Maamar Al-Aryani, a appelé dimanche toutes les institutions médiatiques (presse écrite et audiovisuel) à "ouvrir une nouvelle page" et à "consolider le Front national" pour faire face aux opérations du mouvement armé des Houthis, appelés également Ansarullah. Le ministre a en outre appelé à poursuivre les efforts en vue de réaliser les victoires nationales et atteindre "la grande victoire" à savoir l'"édification d'un nouvel Etat civil avec l'appui de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite" qui intervient militairement depuis mars 2015 au côté du gouvernement yéménite contre les Houthis dans un conflit qui a plongé le Yémen dans "la pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU, avec des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Dans le cadre des efforts du gouvernement yéménite visant à redresser la situation dans un pays pauvre et miné par le conflit, l'activité a repris dimanche à l'aéroport d'Aden, après l'attaque meurtrière ayant secoué son bâtiment principal et fait 26 morts, peu après l'atterrissage des membres du nouveau cabinet d'union dans cette grande ville du sud du Yémen. Et un vol de Yemen Airways a atterri dimanche après-midi à l'aéroport d'Aden en provenance de Khartoum. Dans ce contexte, le ministre yéménite de l'Intérieur Ibrahim Haidane a indiqué que la reprise de l'activité à l'aéroport d'Aden "dénote la détermination et la résolution du gouvernement yéménite à surmonter tous les obstacles et les difficultés liés à l'opération terroriste" visant le gouvernement soulignant la nécessité d'"œuvrer pour le retour à la normale à Aden" où le gouvernement yéménite est basé depuis 2015, à la suite de la prise de contrôle de la capitale Sanaa par les Houthis. Lire aussi: L'Algérie se félicite de l'annonce de la formation du Gouvernement de coalition au Yémen Pour sa part, le ministre yéménite des Finances Salem Benbrik a déclaré lundi à l'agence de presse yéménite Saba que l'attaque d'Aden "a posé un énorme défi au gouvernement d'union, mais ne le dissuade pas de poursuivre ses efforts et missions en application aux programmes et plans généraux dans divers domines au premier rang desquels l'économie et les finances". Il a à cet effet, souligné la nécessité de "reconstruire les institutions financières du Yémen pour relancer l'économie du pays", durement affectée par la guerre, et renforcer la coopération avec les partenaires du gouvernement yéménite, les donateurs et la communauté internationale pour atteindre les résultats escomptés à savoir "sortir le pays de la situation actuelle". Abondant dans le même sens, le ministre yéménite des Affaires étrangères Ahmed ben Moubarak a réaffirmé jeudi dernier que "le gouvernement est déterminé à remplir ses devoirs et à oeuvrer pour restaurer la stabilité au Yémen. Cet acte terroriste (attaque d'Aden) ne l'en dissuadera pas", a-t-il souligné. Les premières conclusions de l'enquête montrent que le mouvement des Houthis "est derrière cet acte criminel", avait déclaré le Premier ministre Maïn Saïd jeudi dernier. Et dans ce même contexte, l'analyste yéménite Maged al-Madhaji estime que l'attaque de mercredi à Aden est tout simplement "la plus importante de la guerre au Yémen". "Elle aurait pu anéantir le gouvernement légitime dans sa totalité", explique de son côté le directeur du centre de réflexion Sana'a Center for Strategic Studies. Fragile paix à Al-Hodeïda et dans le Sud Bien que les démarches de l'ONU visant à trouver une solution politique au conflit au Yémen n'aient pas abouti jusqu'à présent, l'organisation internationale a déclaré "suivre la situation militaire" dans la ville côtière d'Al-Hodeïda, dans l'ouest du Yémen. La mission des Nations Unies pour soutenir "l'Accord d'Al-Hodeïda" a déclaré dans un tweet qu'elle "suit avec inquiétude les rapports des activités aériennes qui a atteint son apogée, avec des explosions entendues près du port d'Al-Hodeïda samedi soir". Selon cette mission, l'incident "survient pendant une période d'intensification des opérations aériennes, de pertes civiles et de violations grandissantes du cessez-le-feu dans le gouvernorat". La mission a confirmé en outre qu'elle s'engageait dans des efforts multilatéraux pour empêcher toute nouvelle escalade de la violence à Al-Hodeïda. Le 13 décembre 2018, des consultations menées sous l'égide des Nations Unies dans la capitale suédoise, Stockholm, ont abouti à un accord de trêve entre le gouvernement yéménite et les Houthis, dans le gouvernorat d'Al-Hodeïda, ainsi qu'à l'échange d'environ 15.000 prisonniers des deux côtés, et ce, en plus des compromis à propos de la situation humanitaire dans le gouvernorat de Ta'izz (au Sud-ouest). Les Houthis qui ont pris le contrôle d'une grande partie du Nord du pays dont la capitale Sanaa en 2014, contrôlent la ville et le port stratégique d'Al-Hodeïda, lieux névralgiques du gouvernorat. De leur côté, les forces gouvernementales contrôlent les accès sud et est de la ville. Sur un autre front, des responsables militaires de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite ont commencé en décembre dernier à superviser le redéploiement des forces du Conseil de transition du Sud (CTS) et du gouvernement yéménite dans les provinces méridionales du pays. L'Arabie saoudite essaie de faire appliquer l'accord de partage du pouvoir signé l'année dernière entre le CTS et le gouvernement du Yémen, afin de mettre fin aux luttes internes entre ses alliés officiels D'ailleurs, dans cette région du sud du pays, un engin explosif artisanal a explosé dimanche soir contre une position des troupes saoudiennes dans la province d'Abyan, sans faire de victimes, selon un responsable du gouvernement qui a précisé que l'explosion ""frappé un lycée provisoirement utilisé par les soldats saoudiens dans la ville côtière de Shuqrah". L'unité militaire saoudienne déployée à Shuqrah est chargée de surveiller le cessez-le-feu et de superviser le retrait mutuel des forces yéménites présentes dans les zones sensibles d'Abyan, a-t-on fait savoir.