La position de Berlin sur le statut du Sahara occidental est la cause la plus probable des dernières frictions entre l'Allemagne et le Maroc, a écrit l'agence américaine Bloomberg. Selon la même source, Rabat semble avoir décidé de "pointer du doigt" l'Allemagne pour "afficher son mécontentement", évoquant ce qu'il a appelé l'"hypocrisie de l'Europe". Selon un article de Bloomberg, publié cette semaine, "les relations entre le Maroc et l'Allemagne, son septième partenaire commercial, sont devenues acrimonieuses". Des sources médiatiques ont révélé que "le Maroc a décidé de suspendre ses relations avec l'ambassade de l'Allemagne à Rabat, en raison d'une grande divergence avec Berlin sur plusieurs dossiers, dont celui du Sahara occidental", occupé par le Maroc depuis 1975. Suite à cette décision, le ministère allemand des Affaires étrangères a convoqué en urgence l'ambassadrice du Maroc en Allemagne, ont fait savoir des sources diplomatiques. Le magazine Bild a affirmé que "la diplomate a été convoquée aujourd'hui (mardi 2 mars, NDLR) par le secrétaire d'Etat du ministère fédéral des Affaires étrangères pour une discussion urgente et pour expliquer la décision prise hier (lundi 1er mars) par son supérieur hiérarchique de suspendre tous les contacts avec l'ambassade d'Allemagne à Rabat". Dans le même cadre, "l'événement précipitant" a été la décision prise par l'ex-président américain, Donald Trump, de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Une décision qui avait été largement condamnée au Maroc mais aussi à l'échelle internationale. L'Union européenne a repoussé cette décision, invoquant un consensus de longue date des Nations Unies selon lequel le peuple du Sahara occidental a droit à l'autodétermination, rappelle Bloomberg. L'Allemagne a pris la tête des Européens et a soulevé la question auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, où elle a appelé les Etats-Unis à "agir dans le cadre du droit international", ajoute la même source, notant qu'"aucune puissance majeure n'a suivi Trump pour valider" la décision de Trump. Selon la même source, Rabat semble avoir décidé de "pointer du doigt" l'Allemagne pour "afficher son mécontentement", évoquant ce qu'il a appelé l'"hypocrisie de l'Europe". L'agence américaine a écrit, dans ce contexte, que les membres de l'UE invoquent le droit international concernant le référendum d'autodétermination au Sahara occidental, alors même que les "entreprises européennes font des affaires au Sahara occidental, en particulier dans les phosphates, la pêche et plus récemment l'énergie verte". Ceci, malgré plusieurs décisions de la Cour européenne de justice selon lesquelles les accords commerciaux de l'UE avec le Maroc ne s'appliquaient pas au Sahara occidental, territoire non autonome, le consentement des Sahraouis n'ayant pas été obtenu. Pas plus tard qu'en 2018, la CJCE a statué qu'un accord de pêche UE-Maroc n'était valable que "dans la mesure où il n'est pas applicable au Sahara occidental et à ses eaux adjacentes". Le 21 décembre 2016, la CJUE a statué que, selon la Charte des Nations unies, le Sahara occidental ne fait pas partie du territoire souverain du Maroc et qu'en vertu du principe erga omnes d'autodétermination et du principe général de l'effet relatif des traités, les accords entre l'UE et le Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental sans le consentement du peuple du Sahara occidental. L'agence Bloomberg a expliqué par ailleurs que, parmi les autres raisons ayant irrité le Maroc, Rabat a été "contrarié l'année dernière d'être exclu" de la liste des invités de la chancelière Angela Merkel pour la Conférence internationale sur la Libye, tenue en janvier 2020 sous les auspices des Nations-unies. La réunion a vu la participation de plusieurs pays dont l'Algérie, représentée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Selon Bloomberg, "Rabat a également été scandalisé par un récent reportage de la télévision publique allemande sur les violations des droits de l'homme au Maroc".