Les participants à une rencontre tenue à Blida, à l'occasion du 62ème anniversaire des explosions nucléaires à Reggane dans le Sahara algérien, ont appelé, samedi, à la "poursuite des efforts pour dénoncer les crimes de la France coloniale en Algérie, commis dans le cadre de ses essais nucléaires pour intégrer le club des Etats nucléaires". Les participants (des docteurs d'Etat et des notables) à cette journée d'étude abritée par la bibliothèque de la mosquée Al-Kaouthar et organisée conjointement par la Direction des Affaires religieuses et des wakfs et l'association scientifique et culturelle Bendjelloul, ont ainsi souligné que les "traces et les effets des explosions nucléaires des crimes commis par la France coloniale dans le Sahara algérien et qu'elle tente de dissimuler, sont ressentis à ce jour". Ils ont également mis l'accent sur la nécessité de "redoubler les efforts pour, d'une part, dénoncer ces crimes et protéger la population des dangers des radiations nucléaires, d'autre part ", ont-ils relevé. Le spécialiste en Histoire moderne et contemporaine à l'Université d'Adrar, Dr. Abdeslam Kemmoun, a insisté sur "les séquelles de ces explosions, causant à l'époque la mort de 10.000 Algériens, sans omettre les dégâts enregistrés à ce jour, dont des personnes souffrant de différentes malformations congénitales et autres distorsions cognitives, outre la pollution radioactive de l'environnement, eau, sol et animaux, faisant ainsi de Reggane une région inhabitable, au sens propre du terme , a-t-il déploré. S'agissant des raisons ayant poussé la France à choisir Reggane pour mener ses explosions nucléaires, le Dr. Kemmoun a cité entre autres, l'éloignement de la région des organes d'information, du fait qu'il s'agissait d'une "région militaire" jouissant d'une situation stratégique pour de tels essais, en plus de son climat doux durant les quatre premiers mois de l'année. "Ces crimes représentent, aussi pour la France une sorte de revanche contre ses déboires et les échecs qui lui ont été affligés par le Front et l'Armée de libération nationale", notamment l'échec du Plan Challe, doté pourtant, d'énormes moyens humains et matériels (plus de 60 généraux, 700 colonels et 6.500 officiers), outre les victoires diplomatiques du Gouvernement provisoire algérien, a-t-il estimé. La principale raison de ces explosions nucléaires réside, cependant, dans le retard de la France coloniale à intégrer le club des Etats nucléaires, selon le même intervenant. "La France a voulu rejoindre les pays nucléaires avec l'aide des sionistes", a- t-il ajouté et ce fut le cas en 1960, avec la réalisation de quatre essais nucléaires atmosphériques. La première explosion, avait été réalisée le 13 février 1960, sous le nom de "gerboise bleue", la 2éme, dite "gerboise blanche" le 1er avril 1960, la 3ème "gerboise rouge" le 27 décembre 1960 et la 4ème explosion appelée "gerboise verte" le 25 avril 1961. Lire aussi: Les explosions nucléaires de Reggane témoignent de la barbarie du colonialisme français Pour sa part, Dr. Gharib Sahraoui, cadre à la Direction des Affaires religieuses a appelé les physiciens et chercheurs algériens à accorder plus d'intérêt à la région de Reggane, en "mettant en lumière (d'un point de vue scientifique) les séquelles de ces explosions", et en étudiant minutieusement cette région pour la découverte de plus de retombées des explosions nucléaires dans le but de forcer la France coloniale à les reconnaître et à présenter ses excuses, a-t-il ajouté. Pour sa part le militant associatif et l'un des notables de la région, Cheikh El Hamel Si Omar, a insisté sur l'impératif pour la France de reconnaître ses crimes nucléaires, louant les efforts de l'Armée nationale populaire (ANP) pour la dépollution des sites des essais, contaminés par les radiations nucléaires. Il a, également, plaidé pour l'inscription de ces événements (explosions nucléaires de Reggane) dans le programme scolaire, pour que les générations futures "n'oublient pas la grandeur et les sacrifices des martyrs et des moudjahidine de la Révolution face au joug colonial ". A noter que cette manifestation placée sous le slogan "Un seul peuple qui refuse d'oublier les crimes coloniaux de Reggane", se poursuivra durant trois jours, avec au programme des conférences et des expositions de photos mettant en exergue la laideur de cette tragédie, selon le président de l'association Bendjelloul, Boualem El Hadj. Cet événement historique vise, également, à renforcer les liens de fraternité entre les citoyens du Nord et du Sud en rapportant les préoccupations de la population et en exprimant leur solidarité avec eux à travers une caravane de solidarité devant se rendre à Reggane à la veille du mois de Ramadan, a fait savoir M. Boualem El Hadj.