La justice marocaine a condamné en appel à trois ans de prison ferme 12 migrants soudanais arrêtés six jours avant la tragédie ayant conduit à la mort de dizaines de migrants d'origine africaine, brutalement tués par la police marocaine alors qu'ils tentaient d'entrer dans l'enclave espagnole de Melilla depuis le Maroc, a indiqué l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH). Dans un post publié sur sa page Facebook, l'AMDH/section Nador a condamné ce qu'elle a qualifié de peines qui s'apparentent à une pure "vengeance" contre les migrants soudanais. "Un juge de la Cour d'appel de Nador bas tous les records et condamne 12 migrants soudanais à 3 ans de prison après avoir écopé de seulement 11 mois de prison" en première instance, dénonce l'association marocaine. L'AMDH/section Nador s'est dit "étonnée" par les peines prononcées contre ces migrants soudanais et a publié la liste des personnes condamnées pour permettre à leurs proches de les identifier. La justice marocaine a déjà condamné plusieurs migrants africains à des peines de prison ferme. Le 17 août dernier, treize (13) migrants africains arrêtés à la suite du drame migratoire de Melila fin juin, ont été condamnés à 2 ans et demi de prison au Maroc. L'AMDH avait alors dénoncé une peine "très sévère", et un recours à la justice à des fins politiques. Le 4 août, 14 migrants arrêtés le 23 juin dernier, soit la veille du drame migratoire de Melilla, ont été condamnés à huit mois de prison ferme par le même tribunal pour "appartenance à une bande criminelle d'immigration clandestine". Le 24 juin, au poste-frontière de Melilla, au moins 23 migrants subsahariens ont été brutalement tués par la police marocaine, qui tentait de les empêcher d'entrer dans l'enclave espagnole. De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants. Des séquences vidéo prises par l'AMDH montrent un agent de sécurité marocain frappant au sol des hommes visiblement blessés et un autre agent jetant un corps inerte sur plusieurs personnes. Selon des organisations de défense des droits humains au Maroc et ailleurs, le nombre de victimes lors de la répression sanglante d'environ 2000 migrants africains le 24 juin dépasse de loin les 23 morts annoncés par les autorités marocaines. De nombreux pays et organisations internationales ont exigé l'ouverture d'une enquête internationale indépendante, afin de faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé et sanctionner les auteurs.