Le Conseil de sécurité, réuni mardi au sujet de la situation en Palestine occupée, a réitéré son appui à la solution à deux Etats pour mettre fin au conflit au Proche-Orient, appelant, à cette occasion, à l'arrêt immédiat de l'agression sioniste contre le peuple palestinien et à l'acheminement de l'aide humanitaire en urgence. Intervenant devant les membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réitéré que la solution des deux Etats, "laissée pour morte", reste le seul moyen de parvenir à une paix "durable et équitable" en Palestine. L'occupation des territoires palestiniens "doit cesser", a martelé Guterres, jugeant "inacceptable" le rejet "clair et répété" de la solution des deux Etats par l'entité sioniste. "Un tel refus et le déni du droit des Palestiniens à un Etat ne feront que prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu un risque majeur pour la paix et la sécurité mondiales", a-t-il averti, appelant à la concrétisation des aspirations légitimes des Palestiniens à un Etat indépendant. "Le droit des Palestiniens à un Etat doit être reconnu par tous et le refus de la solution des deux Etats doit être condamné. Quelle est l'alternative? Quelle peut être la solution à un seul Etat avec, en son sein, un aussi grand nombre de Palestiniens sans réels droits, liberté et dignité? Cela est inconcevable", a tranché le chef de l'ONU. Evoquant la situation humanitaire "déplorable" et "catastrophique" qui règne à Ghaza après 110 jours d'agression sioniste, il a affirmé que malgré tous les efforts entrepris, aucune opération humanitaire ne peut aboutir dans les conditions qui sont celles imposées aux Palestiniens dans cette enclave, demandant un accès humanitaire sans entrave à Ghaza et la cessation de toutes les violations du droit international humanitaire. De son côté, l'Algérie a plaidé pour l'adoption d'une nouvelle approche visant à relancer l'option de la paix et parvenir à un règlement "équitable et inclusif" de la cause palestinienne, mettant l'accent sur l'impératif de riposter fermement aux appels sionistes rejetant ouvertement la solution à deux Etats, appuyée par la Communauté internationale comme règlement équitable, viable et définitif du conflit au Proche-Orient. "Nous sommes appelés, en ces heures décisives, à contrer les illusions dont se nourrit l'occupant israélien colonialiste pour renforcer sa sécurité en anéantissant le projet national palestinien", a soutenu le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, qui a été chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, de prendre part à la réunion. "Nous nous devons aussi de contrecarrer les campagnes de confiscation et d'annexion des terres palestiniennes, et d'implantation et d'expansion de colonies israéliennes, dans une tentative d'empêcher l'établissement d'un Etat de Palestine indépendant et souverain", a-t-il ajouté. M. Attaf a également souligné qu'"il est tout aussi impératif de réprimer l'impétuosité de l'occupant et ses illusions quant au ressuscitement du projet du +Grand Israël+ sur les cendres et les décombres du projet national palestinien". Un moment "dramatique" Partant de toutes ces considérations, l'Algérie a réaffirmé par la voix de son ministre des Affaires étrangères, sa revendication historique de tenir une Conférence internationale pour la paix, sous l'égide des Nations unies, où il sera convenu de mettre fin au conflit israélo-arabe de manière définitive, conformément aux résolutions de la légalité internationale, et de mettre en œuvre la solution à deux Etats "sous la surveillance rigoureuse, le suivi étroit et la garantie sûre" de la communauté internationale. "Ce qui se passe, aujourd'hui, à Ghaza nous interpelle plus que jamais quant à l'impératif d'accélérer le traitement de l'essence de ce conflit, à travers le renouvellement et l'activation de notre engagement collectif en faveur de la solution à deux Etats, appuyée par la communauté internationale comme règlement juste, viable et définitif", a affirmé M. Attaf. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés de l'Etat de Palestine, Riyad Al-Maliki, a affirmé que les circonstances actuelles sont dues à un "effort prémédité d'infliger une peine maximale au peuple palestinien" en combinant trois facteurs : des bombardements aléatoires, un siège continu privant la population des biens essentiels à sa survie et un déplacement forcé de population. "Alors qu'on empêche le Conseil de sécurité d'appeler à un cessez-le-feu immédiat, le monde entier demande un cessez-le-feu humanitaire afin de protéger les civils et atteindre la paix", a-t-il rappelé. Selon le ministre, il y a deux voies possibles : la liberté des Palestiniens, menant à la paix dans la région, ou le déni de cette liberté, plongeant la région dans un conflit perpétuel. Pourtant, a-t-il poursuivi, l'entité sioniste "continue de maintenir l'illusion qu'il existe une troisième voie par laquelle une occupation continue, le colonialisme et l'apartheid permettront de parvenir à la paix". Le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov, a affirmé, quant à lui, que cette réunion "intervient à un moment véritablement dramatique. Si des considérations politiques et humanitaires imposent d'agir urgemment pour mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien, des mesures sont également nécessaires pour empêcher la déstabilisation d'autres régions du Moyen-Orient". Selon le responsable russe, le Conseil de sécurité doit d'abord obtenir un cessez-le-feu. "En l'absence d'une telle garantie et de la création d'un Etat palestinien, parler de demain est non seulement prématuré, mais également inutile. Les Palestiniens doivent décider eux-mêmes de leur sort". La représentante des Etats-Unis, Uzra Zeya, a, elle, critiqué l'idée que les Palestiniens soient réinstallés hors de Ghaza, déplorant le nombre élevé de victimes civiles palestiniennes ainsi que d'acteurs humanitaires (150 membres de l'UNRWA ont perdu la vie, un record). Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères turc, Hakan Fidan, a jugé "honteux que la communauté internationale ne puisse arrêter le bain de sang en cours". "La guerre qui fait rage à Ghaza ne peut entraver la paix", a-t-il poursuivi, rappelant à la communauté internationale sa "responsabilité historique" de mettre fin à l'agression sioniste contre le peuple palestinien. A cet effet, il a jugé indispensable de mettre en place une solution à deux Etats, avec un Etat palestinien indépendant.