De fortes pluies ont exacerbé les souffrances de centaines de milliers de Palestiniens déplacés à Ghaza, alors que l'opération humanitaire chapeautée par l'ONU est fragilisée par de nouvelles coupes budgétaires décidées par une dizaine de pays, au lendemain du verdict de la Cour internationale de justice (CIJ) concernant le génocide sioniste dans l'enclave palestinienne. Au 114e jour de l'agression, dimanche, l'armée d'occupation a commis encore 19 nouveaux massacres à Ghaza, entraînant la mort en martyrs de 165 civils palestiniens et 290 blessés. Si l'arrêt des bombardements demeure l'urgence, les humanitaires soulignent à présent un autre problème vital, à savoir, le gel par une dizaine de pays des financements de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine). Dix pays occidentaux ont suspendu leur financement de l'UNRWA après que l'entité sioniste a allégué que des employés de l'agence auraient participé à l'opération "Déluge d'Al-Aqsa" menée par la résistance palestinienne le 7 octobre. La Rapporteuse spéciale de l'ONU sur la Palestine, Francesca Albanese, a estimé que les pays qui suspendaient leur financement à l'UNRWA "participaient à un génocide". Mme Albanese a noté que ces décisions sont intervenues quelques heures après que la CIJ a annoncé son rejet des demandes de l'entité sioniste d'abandonner le procès pour génocide à Ghaza intenté contre elle par l'Afrique du Sud. En revanche, la Cour a annoncé des mesures provisoires obligeant l'occupant sioniste à "prévenir les actes de génocide à Ghaza et permettre l'accès de l'aide humanitaire". Dans ce contexte, Hussam Al-Dajani, professeur de sciences politiques palestinien, cité par des médias, a déclaré que l'accusation portée par l'entité sioniste contre certains employés de l'UNRWA "n'est pas prouvée". Il a également estimé que le moment choisi pour suspendre le financement de l'UNRWA, intervenu après la décision de la CIJ, constitue "une réponse sioniste aux décisions de la CIJ et une tentative de liquider la question palestinienne". "Ne pas céder aux menaces et chantage" de l'entité sioniste Dans le même ordre d'idées, l'Etat de Palestine et son ministère des Affaires étrangères ont appelé les pays concernés à "reconsidérer leurs décisions désastreuses, car elles constituent des punitions collectives et un double standard misérable". De son côté, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Sheikh, a déclaré que la décision de ces pays "impliquait de grands risques politiques et humanitaires". Le mouvement de résistance palestinien Hamas a demandé, quant à lui, à l'ONU et aux organisations internationales de "ne pas céder aux menaces et au chantage" de l'entité sioniste. Le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a insisté, pour sa part, sur les conséquences de la suspension des financements : "Notre opération humanitaire, dont dépendent 2 millions de personnes comme bouée de sauvetage à Ghaza, s'effondre. Je suis choqué que de telles décisions soient prises sur la base du comportement présumé de quelques individus et que, à mesure que la guerre se poursuit, les besoins s'aggravent et la famine menace. Les Palestiniens de Ghaza n'avaient pas besoin de cette punition collective supplémentaire". A New York, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les pays donateurs à "assurer la continuité" des opérations de l'UNRWA. Ces derniers développements interviennent à un moment où les Palestiniens de la bande de Ghaza vivent le cauchemar. Vendredi, le ministère palestinien de la Santé a averti qu'"environ 600 000 citoyens du nord de la bande de Ghaza risquent la mort à cause de la famine, de la propagation des maladies et des bombardements" sionistes. A cela s'ajoutent des inondations signalées, dimanche, dans différentes zones de la ville assiégée. Le porte-parole de la Défense civile palestinienne, Mahmoud Basal, a déclaré en effet : "Nous avons reçu plus d'un millier d'avertissements concernant des tentes et des maisons inondées dans divers gouvernorats de Ghaza". "Ce qui entrave le travail des équipes de la Protection civile, c'est le manque de carburant nécessaire pour faire fonctionner les pompes à eau de pluie et déplacer les véhicules de secours vers les zones inondées. Et avec l'eau stagnante dans les tentes, les maladies risquent de se propager", a-t-il prévenu.