Celui qui fait partie des “trois B” reposera désormais au carré des martyrs aux côtés de ses compagnons d'armes. Lakhdar Bentobal, décédé samedi soir à l'âge de 87 ans, a été inhumé hier au cimetière El-Alia, au carré des martyrs, aux côtés de ceux qui furent ses frères d'armes pendant le combat pour la libération du pays. Il les rejoindra désormais dans l'éternité. L'enterrement de cette grande figure de la Révolution a drainé une imposante foule venue rendre un ultime hommage à Si Abdallah. Famille révolutionnaire, membres du gouvernement, société civile, simple anonyme… Ils étaient tous là, ce lundi, au carré des martyrs où “le Chinois” reposera désormais à côté de Mohamed Boudiaf. L'ancien président de la République, Chadli Bendjedid, le président de l'ex-HCE, Ali Kafi, le général Ataïlia sont au premier rang, Bensalah, Ziari et les ex-chefs du gouvernement, Rédha Malek et Ali Benflis, étaient aussi là. Le président Bouteflika, était représenté par son frère Saïd. Des membres du gouvernement, à leur tête Ahmed Ouyahia et le vice-Premier ministre Noureddine Yazid Zerhouni, Gaïd Salah, Abdelmalek Gnaïzia étaient également présents. L'opposition, à l'image de Saïd Sadi, Nouredine Aït Hamouda, était présente à cet ultime hommage où l'on a également relevé la présence d'Issad Rebrab ainsi que d'autres figures du monde économique et artistique. C'est le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, qui a prononcé l'oraison funèbre en survolant le parcours révolutionnaire du défunt et en insistant sur ses qualités humaines et son caractère. Pour Chérif Abbas, ce qui importait le plus au défunt, c'était de voir l'Algérie enfin indépendante. “C'était son seul rêve, celui de voir l'Algérie indépendante et il a donné tout ce qu'il avait de plus cher pour son pays : sa jeunesse et toute sa vie. Si Lakhdar Bentobal avait un sens de responsabilité rare. C'est un exemple de nationalisme”, soulignera-t-il d'une voix emprunte d'émotion. “Il était un militant, un djoundi et un politique affable, aimé de ses compagnons du fait de son humilité, mais aussi un homme qui ne badinait pas avec ses principes”, a ajouté le ministre, en mettant en relief son intelligence et sa sagesse qui avaient permis de transcender des contradictions dans le cheminement de la révolution. “Si Lakhdar a été une référence pour sa sagesse et sa perspicacité à travers son parcours de militant au sein du Mouvement national”, a encore témoigné M. Chérif Abbas qui a souhaité voir les mémoires, que le défunt s'était attelé à écrire de son vivant, être publiés. Né à Mila en 1923, le défunt s'est engagé dans l'activité politique en tant que militant au sein du Parti du peuple algérien (PPA). Après la seconde guerre mondiale, il rejoignit l'organisation spéciale (OS) où il occupa plusieurs postes de responsabilité et entama la préparation des opérations dans le Nord constantinois. Après la dissolution de l'OS en 1950, son nom fut intégré dans la liste des personnes recherchées par la police française. Il adhéra au groupe des 22, et au lendemain du déclenchement de la Révolution, il fut nommé chef de la région de Jijel, Ettahir, Al-Milia et Constantine. Il assista en compagnie de Zighoud Youcef, représentant du Nord constantinois au congrès de la Soummam. Il a été également membre suppléant au Conseil national de la Révolution en remplacement du martyr Zighoud Youcef en 1956. Il a été désigné ministre de l'Intérieur du premier gouvernement provisoire de la République algérienne pour deux mandats consécutifs puis désigné, en 1961, ministre d'état. Feu Bentobal a participé au deuxième round des négociations d'évian.