Photo : Riad Par Ali Boukhlef L'ancien moudjahid Lakhdar Bentobal, décédé avant-hier à l'âge de 87 ans, était inhumé, hier à Alger. La cérémonie a commencé, dans la matinée, au siège de l'Organisation nationale des moudjahidine. La dépouille mortelle de Bentobal a été exposée, durant plusieurs heures, à des dizaines de visiteurs. Il y avait surtout d'anciens moudjahidine, dont certains sont venus de l'est du pays, où le défunt avait milité avant de rejoindre la direction de la révolution. Parmi ce monde, on pouvait également relever la présence de quelques officiels, à l'image de Abdelaziz Belkhadem, Boualem Bessaïh ou encore Mohamed-Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine. Le reste de l'assistance est constitué de compagnons d'armes ou encore de la famille du défunt. Le décor est, par contre, différent à El Alia : les hauts responsables de l'Etat, anciens et actuels, se bousculent pour faire partie des premiers carrés. Ahmed Ouyahia et son staff presque au complet, en passant par Ali Benflis, Chadli Bendjedid ou encore Saïd Sadi, l'hommage rendu à Bentobal est celui d'une nation entière. Le parcours de l'homme ne pouvait laisser indifférent. Difficile, bien entendu, d'arracher des témoignages lors d'un enterrement. Mais certains l'ont fait, parfois avec des sanglots, comme c'était le cas de Abdelkrim Hassani, ancien officier de l'ALN. «Je ne l'ai pas beaucoup rencontré pendant la révolution. Mais son combat pour la libération du pays était inébranlable. Il était l'un des premiers militants à comprendre que seul le langage des armes devait être utilisé contre le colonialisme», dit-il. Avant lui, l'ancien ministre des Moudjahidine, Brahim Chibout, avait décrit un «militant de la première heure». Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, a rendu hommage à un homme «connu pour sa simplicité et sa discrétion». En tant que ministre de l'Intérieur, «il avait aidé à rapprocher les uns et les autres et à régler des problèmes internes. A la suite de la crise de l'été 1962, il avait préféré se retirer tout en garder foi en son pays. Son engagement et son optimisme que l'Algérie sera indépendante étaient grands [...] J'espère que ses mémoires, empreintes d'objectivité, seront publiées le plutôt possible», a-t-il ajouté.Ce sont ces qualités, et d'autres encore, que décrira, lors de l'oraison funèbre, Mohamed-Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine. A rappeler que Lakhdar Bentobal est le dernier membre de ce qui est connu sous «le groupe des six» dans lequel il figurait aux côtés de Krim Belkacem, Mohamed Boudiaf, Mourad Didouche, Mustapha Ben Boulaïd et Rabah Bitat. C'était eux qui étaient chargés de rédiger l'appel du 1er Novembre 1954 et de déclencher la lutte armée. Il fut également l'un des trois dirigeants désignés sous le sobriquet des «Trois B», trio formé avec Krim Belkacem et Abdelhafid Boussouf. Après l'indépendance, il s'était retiré de la scène politique. Malgré sa détention d'informations d'importance capitale, Lakhdar Bentobal n'avait pas publié ses mémoires. Des sources concordantes les annoncent pour bientôt.