L'Algérien est devenu un gros consommateur d'électricité: avec l'amélioration du niveau de vie, les habitudes de consommation de l'énergie électrique ont changé, à travers notamment une explosion du marché des réfrigérateurs-congélateurs, des appareils multimédia, de la TV et surtout de la climatisation. Dés lors, les coupures brusques et soudaines redeviennent un cauchemar pour les Algériens. Des manifestations de protestations ont même eu lieu en juin et juillet derniers contre les coupures d'électricité dans certaines régions du pays, notamment dans le Sud-Est. Il est vrai que ces coupures de l'énergie électrique faisaient suite à de violentes tempêtes qui avaient sérieusement touché le réseau électrique, parfois complètement détruit. Pourtant, la production nationale est, selon un bilan de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG), très importante. En 2009, elle a atteint les 42,77 Téra Watt heure (1.000 GWh ou 1 million de Mg), soit une hausse de 7% par rapport à 2008. Et sur les 42,77 TWH le plus gros de cette production a été assuré par la Société algérienne de production d'électricité (SPE), filiale du groupe Sonelgaz, avec une part de 62%, selon la CREG. Les 38% restants sont partagés entre quatre sociétés de production: Sharikat Kahraba Skikda (15%), Sharikat Kahraba Hadjret En Nouss (wilaya de Tipaza) avec 10%, Sharikat Kahraba Berrouaghia (Médéa) avec 7% et Kahrama (Oran), avec 6%. Parallèlement, la capacité totale installée en 2009 a augmenté de 3.078 méga watts (MW) pour atteindre 11.324 MW, dont 10.834 MW sur le réseau interconnecté. Depuis quelques années, Sonelgaz a réalisé un gros effort d'investissements pour augmenter davantage la capacité de production de l'électricité, dans un contexte national de hausse constante de la demande, et interne marqué par une raréfaction des sources de financement. Le taux d'électrification national est de 98%, alors que pour le gaz de ville il est de 44%. Pour autant, les problèmes de distribution ne seront pas éliminés "d'un coup de baguette magique", selon les responsables de Sonelgaz. Le PDG du groupe, Nouredine Bouterfa, est catégorique: la distribution de l'énergie électrique connaît quelques difficultés, et reconnaît que les coupures affecteront encore des pans entiers du réseau national. Lors d'un point de presse organisé la semaine dernière à Alger, il a été très clair : les problèmes de distribution d'électricité qui affectent plusieurs wilayas du pays, persisteront "si des contraintes ne sont pas levées, notamment la difficulté d'accès au foncier pour réaliser de nouveaux postes de distribution". "L'accès au foncier pour construire de nouveaux postes de distribution est devenu un véritable parcours du combattant" pour les sociétés de distribution, a-t-il affirmé. En plus, il y a les oppositions de tiers pour l'obtention des droits de passage des lignes électriques, retardant la concrétisation des projets de renforcement de la distribution d'électricité. "La distribution ne pourra être remise en ordre que si tout l'environnement joue le jeu, le problème de l'alimentation en électricité n'est pas le seul fait des sociétés de la distribution car l'espace n'appartient pas à ces sociétés mais aux collectivités locales", a-t-il ajouté. Et, en plein mois d'août, c'était le 24 du mois qui coïncidait avec le 13e jour du mois de Ramadhan, la consommation en énergie électrique de l'Algérie enregistre un bond vers 20h30 qui a atteint 7.718 MW contre 7.280 MW enregistré le 27 juillet 2009, soit une hausse de 6%. Selon M. Bouterfa, la perturbation de la distribution de l'électricité, observée pendant cet été, a été également causée par de nombreux facteurs, notamment la rupture des conducteurs moyenne tension suite aux intempéries, ainsi que par la surcharge des lignes due à des demandes exceptionnelles. Globalement, les coupures d'électricité affectent chaque jour près de 1.000 à 3.000 foyers à travers le territoire national. Et, aux grands problèmes, les grands moyens: le groupe compte investir à l'orée 2020 quelque 465 mds de DA pour installer une capacité de production de 375 MW en photovoltaïque et en éolien. Mais le gros des investissements va porter sur l'augmentation de l'offre d'énergie électrique classique. Le groupe devrait ainsi investir 3,3 milliards (mds) de dollars (241 mds de DA) en 2010, soit le même niveau d'investissements consentis en 2009 (240 mds de DA). Le montage financier de ce programme d'investissement sera assuré à hauteur de 70% par les banques, à 20,7% par l'Etat et à 9% par les clients. Pour autant, Sonelgaz traverse une période difficile, marquée par une augmentation de ses dettes, et un manque préoccupant de sources de financement, alors que le groupe n'a pas été autorisé par l'Etat à augmenter les tarifs de l'électricité et du gaz. Les dernières mesures prises par l'Etat pour l'assainissement financier du groupe ne couvrent que le financement de quelques projets du holding pour l'année 2010, "mais n'ont aucun impact sur le gros problème de financement, à moyen et long termes, que traverse le groupe", selon son PDG. Selon le PDG du groupe, la société sera probablement incapable, à l'orée 2020 de rembourser ses dettes lorsque tombera l'échéancier du différé de paiement fixé par l'Etat. Mais, ce ne sont là que des mises en garde du premier responsable de Sonelgaz vis-à-vis d'une situation financière délicate que doit résoudre le groupe pour d'abord améliorer son volume d'investissements, ensuite passer du rouge au vert en termes d'aisance financière. Le tout conditionne, bien sûr, une sécurité de l'approvisionnement national en énergie électrique. Et, à la fin du programme quinquennal en 2014, le groupe devrait avoir réalisé de nouvelles centrales électriques d'une capacité globale de 4.000 MW et un réseau de transport de plus de 14.000 km.