La place du 1er novembre, au centre ville de Médéa, est devenue durant ce Ramadhan le lieu de prédilection de nombreux apprentis guérisseurs flairant les bonnes affaires en ce mois sacré où tout se vend. Dès avant le début du Ramadhan, ces apprentis guérisseurs, pour la plupart étrangers à la ville, ont dressé leurs étals à proximité de la grande mosquée "En-Nour" jouxtant la place du 1er novembre, cœur palpitant de l'ancienne ville. Voilà un positionnement réfléchi eu égard au flux humain qui transite par cet endroit, assurant à ces marchands de balivernes de fortes chances d'appâter un nombre non négligeable de proies faciles, des âmes sensibles en tout cas aux promesses de "guérison rapide" qu'on leur fait miroiter. Chacun d'eux se distingue par la particularité de son étalage composé soit de "potions magiques" concoctées par ses soins à base de produits d'origine douteuse, mais aussi d'herbes médicinales et une multitude de produits animaliers, utilisés parfois par les parapsychologues. Il y a une sorte de spécialisation qui permet une meilleure cohabitation entre les différents membres et la sauvegarde des intérêts de chacun. D'ailleurs, il est rare de rencontrer deux guérisseurs à la fois au même moment. Un accord tacite est ainsi scellé entre les différents "guérisseurs". Ces derniers s'arrangent pour que leur apparition sur la place se fasse par alternance et durant des créneaux horaires qu'ils jugent propices aux bonnes affaires. Au terme de cet accord, l'un s'approprie les lieux en fin de matinée, alors que les autres vont se succéder à intervalle régulier l'après-midi. Bons orateurs, ils parviennent à persuader facilement certaines personnes à acquérir l'un de leur produit. Pour ce faire, ils agissent le plus souvent de manière méthodique et ciblée afin de mieux appâter leurs proies. La technique consiste à choisir, parmi l'assistance, une personne préalablement repérée pour essayer sur elle l'un de ces produits, tout en vantant ses mérites curatifs et ses effets positifs sur la santé, avec un art consommé de la persuasion où la parole se joint au geste pour mettre en condition la personne qui se laisse vite tenter par l'expérience laquelle, pour le guérisseur, a valeur de test. Ainsi, dès que le premier "patient" est mis en confiance, l'apprenti guérisseur passe à une seconde étape, celle d'interpeller directement l'assistance, presque de manière individuelle, l'incitant à saisir cette ultime chance de pouvoir enfin se débarrasser du mal qui ronge tout un chacun. Tout y passe: Eczéma, allergies alimentaires, maladie bucco-dentaires, hernies, rhumatismes, tension artérielle ou difficulté gastrique... ont, toutes, leur potion "magique" cédée à des prix défiant toute concurrence et aux "résultats garantis", vous assurent ces étranges "praticiens" de la santé. En dépit des soupçons qui pèsent sur l'origine, la qualité et les effets secondaires de ces produits, nombreux sont ceux qui en achètent régulièrement, croyant ferme à leur guérison. D'autres espèrent, par contre, accélérer ainsi le processus de guérison grâce à ces produits, se souciant peu de la composition de ce qu'ils ingurgitent ou étalent sur leur peau. Au-delà du côté purement charlatanesque de ces pratiques, le phénomène pose un réel problème de santé publique qui mérite d'être prise en charge, s'accordent à dire les médecins et les citoyens les plus conscients. "Les utilisateurs de ces produits ignorent souvent qu'ils s'exposent à des risques pouvant aller d'une simple allergie à une intoxication sévère voire à des complications plus graves susceptibles de mettre leur vie en péril", résume un médecin spécialiste. En termes plus profanes, certains citoyens soulignent l'intérêt d'une interdiction sinon d'un contrôle plus rigoureux, par les pouvoirs publics, de tous ces produits en vente libre sur les places publiques et les marchés.