Les enfants constituent, pendant l'Aïd El Fitr à Oran, la cible privilégiée de revendeurs en tous genres, soucieux de leur soutirer tout l'argent qu'ils ont amassé durant ce jour de fête. Pratiquement le même scénario se répète chaque année aussi bien dans les rues du centre-ville que dans les quartiers populaires ou les villages et bourgs de la wilaya. Des centaines de personnes s'improvisent en "commerçants" pour proposer une panoplie de produits dans le seul but de "dépouiller" les enfants de leurs dinars. La gamme des produits varie des différents jouets, jusqu'aux sandwichs "viande hachée" et "merguez", préparés en pleine rue et dans des conditions d'hygiène des plus déplorables, en passant par les innombrables jeux auxquels on peut s'adonner dans les cybercafés et les salles "spécialisées". Les enfants, vêtus de leurs tenues neuves et les poches bien remplies de pièces sonnantes et trébuchantes, envahissent les rues, dès la fin de la prière de l'Aïd, pour commencer à dilapider leur trésor. La tentation est grande pour eux devant toutes les "possibilités" offertes pour claquer leurs économies. Ces petits trouvent toute la liberté de dépenser leur "pactole" loin de la surveillance des parents, occupés à recevoir les proches et amis, venus leur rendre visite pour leur présenter leurs voeux. Généralement, les petits oranais n'ont pas à effectuer de longs déplacements pour acquérir ce dont ils ont besoin. Tout est à la portée de leur main et de leurs petites poches. A chaque coin de rue et même dans l'enceinte des cités d'habitation, des vendeurs occasionnels se sont installés pour proposer leurs marchandises acquises chez les grossistes de Medina Jdida. Un seul carton suffit généralement pour étaler les produits et le tour est joué. On y trouve de tout, des petits ballons multicolores aux petites poupées et aux voitures télécommandés sans oublier les inévitables armes pourtant interdites comme les répliques d'armes automatiques, de sabres pointus et autres arsenaux aussi dangereux les uns que les autres. Les vendeurs de grillades connaissent également, en ce jour, une forte demande d'une jeune clientèle peu regardante sur les conditions dans lesquelles les différentes brochettes sont préparées. "Sandwich kefta", "sandwich merguez" s'arrachent sur les trottoirs transformés en gargotes éphémères constituées de simples plaques métalliques chauffées à l'aide de réchauds de gaz butane, exposant la vie des passants et des clients à un danger réel. Il en est de même pour les marchands de "Karantika" où "Karantita" qui retrouvent leurs fidèles consommateurs, après 30 jours d'absence. Les multiples cybercafés et autres salles spécialisées sont également très fréquentés, notamment dans l'après-midi, par des habitués qui s'adonnent à de longues parties de jeux "on line" ou sur des écrans de télévision. En ces deux jours de fête, le parc d'attractions d'Oran connaît, comme à l'accoutumée, une grande affluence des enfants accompagnés de leurs parents et de jeunes en quête de distractions. Les différents jeux comme la grande roue, les auto-tamponneuses, le train fantôme, le dragon et bien d'autres manèges sont assaillis par des ribambelles de gamins. L'animation particulière que connaît ce lieu se prolongera jusqu'à une heure avancée de la nuit. Incontestablement, l'Aïd représente une aubaine non seulement pour les marchands de vêtements et de chaussures, mais également une occasion que saisissent des revendeurs occasionnels pour faire de bonnes recettes notamment au détriment des enfants qui dépensent à outrance. Après tout, l'Aïd El Fitr est la fête des enfants. Chacun de nous trouve son compte, commente avec un malin sourire un marchand de jouets, installé depuis quelques jours déjà à la rue Larbi Ben M'hidi, au centre-ville d'Oran.