Des experts et spécialistes en agronomie ont souligné mercredi à Alger la nécessité pour les pays arabes de se mobiliser sans attendre pour garantir la sécurité alimentaire. "Premiers importateurs de céréales, les pays arabes se retrouvent plus exposés que d'autres pays aux dangereuses fluctuations des prix de produits de base agricoles", a affirmé le président de l'Union nationale des agronomes (UNA), M. Zane Yahia au forum du quotidien El Moudjahid. Selon ce spécialiste, les pays arabes importent au moins 50% des calories qu'ils consomment et leur dépendance va progresser à plus de 64% dans les cinq prochaines années. "La vulnérabilité des pays arabes risque de s'aggraver dans les prochaines années en raison de leurs forte croissance démographique", a-t-il soutenu, faisant remarquer que le choc alimentaire de 2008 a déjà fait 4 millions supplémentaires de personnes sous-alimentées dans les pays arabes. Il a fait savoir que les pauvres de la région consacrent 35 à 65% de leurs revenus à l'alimentation, relevant que "le blé représente près de 35% des calories consommées quotidiennement dans les pays arabes". M. Zane a souligné, dans ce contexte, que le renforcement de la sécurité alimentaire dans les pays arabes repose "prioritairement" sur l'éducation. Le président de l'UNA a estimé que les gouvernements arabes peuvent réduire la demande de céréales en formant les familles aux questions de nutrition. Evoquant la disponibilité alimentaire globale dans les pays arabes, il a affirmé que d'ici 2050, l'eau renouvelable disponible passera à moins de 50m3 par habitant et les terres arables à 0,12 hectare/habitant d'où l'urgence, a-t-il ajouté, de "réfléchir à des moyens efficaces pour atteindre l'objectif escompté". Il a préconisé dans ce sens une stratégie basée sur le renforcement des filets de protection sociale, l'amélioration de l'accès au service de planning familial, la promotion d'une éducation vers un régime alimentaire équilibré, la promotion de l'approvisionnement en denrées alimentaires produites par l'agriculture nationale et l'amélioration des conditions de vie en milieu rural par des investissements accrus en recherche et développement. Il a mis l'accent également sur la nécessité de réduire l'exposition à la volatilité du marché par l'amélioration et l'efficience de la chaîne d'approvisionnement et par une utilisation efficace des instruments financiers de couverture des risques. En Algérie, la loi d'orientation agricole trace les contours de la sécurité alimentaire, a soutenu M. Zane. Cette loi précise, "les voies et moyens de protection, de promotion et de régulation du secteur agricole", a-t-il encore ajouté. Intervenant à son tour, le président d'honneur de l'UNA, M. Seraï, a souligné l'importance de "lier la politique de l'eau à la réalisation de la sécurité alimentaire". Selon cet expert, pour atteindre la sécurité alimentaire, il est primordial de valoriser les capacités existantes dans le Monde arabe et d'oeuvrer pour leur renouvellement. Il a également souligné la nécessité d'encourager la recherche et plaidé pour une meilleure prise en charge des petits agriculteurs face aux grands investisseurs agricoles. Pour sa part, le représentant de l'ambassade du Soudan à Alger a mis en exergue la nécessité d'encourager la production des céréales et le développement du niveau général des échanges entre les pays de arabes, notamment avec son pays qui pourrait, a-t-il dit, répondre à lui seul aux besoins des pays arabes, notamment en céréales, viande rouge et en oléagineux.