Les efforts du secteur agricole seront axés, à partir de cette année, sur la formation des acteurs gravitant autour du secteur de l'agriculture et du monde rural afin de les imprégner des techniques modernes de production permettant une amélioration des rendements, a-t-on appris auprès du ministère de l'Agriculture et du Développement Rural. Après avoir mis en place les dispositifs de soutien à la production et d'approvisionnement en semences et intrants, il est temps de passer à un autre niveau, celui de la connaissance, de la maîtrise des techniques modernes de production, selon des responsables du secteur. Pour ce faire, celui-ci s'est doté d'une stratégie visant l'amélioration des capacités humaines et les méthodes de travail de tous les acteurs (agriculteurs, éleveurs, opérateurs, facilitateurs, administration, banques et assurances...), et ce, à travers le Programme de renforcement des capacités humaines et d'assistance technique (PRCHAT). Ce programme, pour lequel des moyens financiers et matériels colossaux ont été consacrés, va démarrer officiellement sur le terrain le 1er octobre à l'occasion de la journée nationale de la vulgarisation agricole coïncidant avec l'ouverture de la campagne agricole 2010-2011. Une enveloppe financière de l'ordre de 24 milliards de DA par an sera allouée à ce programme lié à la formation, à la recherche, à la vulgarisation et à la communication, selon le PRCHAT. Quelque 13 établissements de formation et 15 instituts de recherche et développement avec leurs 67 stations régionales sont mobilisés pour la mise en œuvre de ce projet, qui s'étalera sur 5 ans (2010-2014). Le PRCHAT va s'appuyer également sur un réseau de près de 1.400 vulgarisateurs et de plus 1.000 facilitateurs de développement rural et fera appel aux établissements relevant de la formation et de l'enseignement professionnels. Le ministre du secteur, Rachid Benaïssa, a appelé récemment "les détenteurs de la connaissance et du savoir-faire d'être au service des acteurs du secteur". Ce programme sera renforcé, durant le quinquennat 2010-2014, par la généralisation des centres de formation, d'expérimentation et de recherche, de démonstration et de généralisation des techniques à travers la création de 16 centres régionaux polyvalents de recherche et développement et de transfert de technologies agricoles et des sociétés de transfert technologique (sociétés mixtes de transfert d'embryons, de production de semences...). Le secteur va également renforcer les moyens des autorités nationales vétérinaires, phytosanitaires et forestières ainsi que les moyens d'animation, de contrôle et la modernisation des systèmes d'information et de communication de l'administration agricole. "Il est temps pour nous de mettre à la disposition des éleveurs et des opérateurs économiques la technologie et le savoir-faire pour stabiliser la production à des niveaux élevés", estime le directeur de l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (INRAA), Fouad Chehat. D'autres spécialistes soulignent la nécessité de mettre à niveau le potentiel humain activant dans le secteur pour être au diapason des évolutions qui s'opèrent dans le monde en termes de techniques de production et de la qualité des produits. "Il faut que nos agriculteurs soient à la page", indique, pour sa part, le directeur général de l'Institut technologique agricole (ITMA), spécialisé dans l'agriculture de montagne à Tizi-Ouzou, M. Keffil. Selon lui, il est nécessaire, pour le moment, de focaliser les opérations du PRCHAT sur les filières dont les besoins sont énormes comme la céréaliculture, l'oléiculture, les cultures sous serres et l'arboriculture fruitière. Cet expert affirme que la formation et les séances de démonstration suscitent un engouement chez les agriculteurs notamment ceux des filières d'arboriculture, d'élevage notamment bovin et d'apiculture. Il a fait savoir que tous les acteurs, quel que soit leur statut, peuvent bénéficier des actions du programme. "Nous avons reçu des agriculteurs possédant 500 oliviers et ceux ayant 10 oliviers seulement pour les former sur les techniques de récolte, de conditionnement de la production", a-t-il dit. En 2009, l'ITMA a eu à former déjà 1.500 personnes toute filières confondues venant de plusieurs wilayas du Centre. Le ministère compte enfin organiser plusieurs rencontres-débats à l'occasion de la journée nationale de la vulgarisation agricole, durant lesquelles les cadres du secteur vont mettre en exergue le rôle de la vulgarisation dans le développement agricole moderne.