A mesure que les élections législatives américaines de mi-mandat s'approchent, la campagne électorale gagne de plus en plus en férocité dans les deux camps démocrate et républicain dont les moyens financiers engagés enregistrent des records dépassant les 3 milliards de dollars. Pour le président Barack Obama, l'enjeu est important car le rendez-vous électoral du 2 novembre déterminera s'il maintiendra la majorité dans les deux chambres du Congrès ou s'il perdra une marge de manœuvre importante. Dans ce scrutin, l'ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants et 37 des 100 sièges du Sénat seront renouvelés en novembre. Souvent considérées comme un référendum sur le pouvoir en place, les élections législatives de mi-mandat donnent quasi-systématiquement la victoire au parti de l'opposition, à l'exception de celle de l'année 1998 où le parti démocrate de Bill Clinton avait gagné plusieurs sièges, et l'année 2002 où le parti républicain de George W. Bush avait remporté la victoire grâce au ralliement des électeurs à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Selon les derniers sondages, 48% des intentions de vote sont en faveur du parti républicain qui devrait prendre le contrôle de la Chambre des représentants au Congrès, alors que le parti démocrate bénéficie de 44 pc des intentions de vote, mais conserverait le contrôle du Sénat avec, toutefois, moins de sièges. Interrogés sur leurs préoccupations majeures, près de la moitié des Américains placent en tête de leurs priorités la situation économique et l'emploi pour lesquels, justement, le gouvernement d'Obama se bat les flancs, même si l'opinion publique continue d'attribuer à l'administration républicaine de George W. Bush la plus large part de responsabilité pour l'état actuel de l'économie. Mais un autre facteur déterminant s'est imposé dans le climat politique actuel: le mode de financement de la campagne électorale qui a brouillé le jeu dans le camp démocrate mais qui fait les beaux jours dans le parti des républicains. En janvier dernier, la Cour Suprême américaine a décidé d'autoriser le financement anonyme des campagnes électorales par les sociétés. Selon la presse américaine, cette décision ''révolutionnaire'' a permis aux groupes d'intérêt œuvrant pour le compte des grandes entreprises et lobbies américains, tel ''American Crossroads'' créé en 2010 par l'ancien stratège de Georges Bush, Karl Rove, et dont une grande partie appuie les républicains, de débourser secrètement entre 80 et 100 millions de dollars à la fin septembre, soit le double de ce qui a été dépensé publiquement par les entreprises lors des élections législatives de 2006. Pour le camp d'Obama, la démocratie se joue, désormais, en fonction de ''la taille des chèques''. Joutes rhétoriques, attaques et contre-attaques virulentes, via des clips télévisés, sont alors livrées quotidiennement par les deux camps, où l'on voit par exemple ce clip accusant le républicain Karl Rove de ''voler la démocratie'' grâce à des financements étrangers tout en montrant des images de liasses de billets de la monnaie chinoise, où Obama jouer au golfe ou partir sur une île pour y passer des vacances sur fond d'écran exhibant des mendiants ou de familles américaines quittant leurs maisons saisies dans le sillage de la crise financière. Mais si les républicains ont plus de chance pour remporter la majorité des sièges à la Chambre, cela n'est pas le cas pour le Sénat où les prévisions sont un peu moins pessimistes pour les démocrates, du fait notamment que l'élection sénatoriale met en jeu le tiers (37 sièges) des 100 sièges du Sénat. Selon des analyses politiques faites autour de ces élections, l'un des enjeux qui donnera le ton aux derniers jours de la campagne est le vote sur l'extension des réductions fiscales héritées de la présidence de George W. Bush. La proposition du parti démocrate est de rétablir des taux plus élevés pour les ménages gagnant plus de 250.000 dollars par an, alors que les républicains souhaiteraient rendre permanentes les réductions, en faveur des plus riches qui forment le noyau dur de leur base électorale et de leurs sources de financement. Faisant référence au politologue américain Larry Bartels dont la question-clé est de savoir comment les républicains ont souvent réussi à être élus en dépit du petit nombre des bénéficiaires de leurs politiques, les analystes soulignent que ce dernier démontre que la proportion d'électeurs américains qui réagissent négativement à une augmentation fiscale pour les plus riches dépasse largement celle des contribuables qui paient la note, ajoutant que les électeurs ont la mémoire très courte en ce qui concerne leur évaluation de la performance économique du gouvernement. En effet, expliquent-ils, même si plus d'Américains croient que l'administration Bush est responsable du désastre dans lequel se trouve l'économie américaine, et même si les solutions préconisées par les républicains représentent un retour aux politiques de Bush, le vote d'un grand nombre d'électeurs reflétera leur insatisfaction face à l'incapacité de l'administration Obama de les extraire de ce marasme économique et social rapidement et totalement.