Le programme d'action 2010-2014 prévoit, en fait, 155 milliards de dollars d'investissements publics "neufs", en plus des 130 milliards USD de parachèvement des projets en cours, à moitié orientés vers le développement humain et vers le développement "prioritaire" des Hauts-Plateaux, "l'épine dorsale" du développement futur. Dans sa déclaration de politique générale, présentée jeudi à l'Assemblée populaire nationale, le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, a tenu à présenter des explications à la représentation nationale au sujet du montant jugé parfois exagéré du programme d'investissements publics et des "motivations des reliquats" des programmes précédents de 130 milliards de dollars, dits "programmes en cours". Ces reliquats, explique-t-il, sont dus à plusieurs causes dont "l'extension substantielle" des plans d'investissements précédents, comme c'est le cas des programmes supplémentaires développement local (Hauts-Plateaux, grand Sud, etc.) engagés depuis 2006, soit deux ans après l'adoption du premier plan 2005-2009, qui ont nécessité une enveloppe supplémentaire de près de 1270 milliards de DA (plus de 17 milliards de dollars). S'y ajoutent les programmes complémentaires à cheval entre deux plans de développement, tels le parachèvement, à fin 2009, de 500.000 logements financés ou aidés par l'Etat enregistré à la fin décembre 2009, ou les extensions des routes, barrages et autres infrastructures. Ces reliquats sont également dus à des "lacunes", des "retards" dus à la rareté du foncier, la saturation de l'outil d'études et réalisation, aux allongements des délais dans l'approbation des projets publics, ainsi que l'insuffisance de maturation des projets ou le renchérissement des intrants. Pour la seule année 2010, ces reliquats, ont représenté 815 milliards de dinars (plus de 11 milliards de dollars) qu'il faudra bien assumer pour éviter des "années blanches" dans la réponse aux besoins sociaux. Aussi, le programme "neuf" de 155 milliards de dollars répond-il à la nécessité de parachever les infrastructures de base réalisées, ces dernières années, pour en assurer l'intégration et rationalité et répondre aux nouvelles demandes sociales, à l'instar de l'augmentation du nombre d'élèves et d'universitaires (deux millions d'étudiants attendus en 2014), logements, etc. L'ampleur de ce budget, qui risque d'absorber la majeure partie des réserves en devise du pays, autre "critique majeure" du programme, se justifie également par la "doctrine" qui prévaut dans notre pays, qui consiste à veiller à fournir les conditions de vie et de travail décents aux populations là ou elles se trouvent et assurer l'équilibre régional. Il s'agit aussi, plaide le Premier ministre, de rattraper 20 ans de sous-investissements publics et le nécessaire prolongement des efforts engagés pour la réalisation des infrastructures. Ce gigantesque effort est aussi rendu possible par la disponibilité d'une épargne nationale de 4000 milliards de dinars, du fonds de recettes peu utilisé par les investisseurs nationaux (d'où les surliquidités décriées), qui permet de financer ce programme avant d'autres surenchérissements des coûts et sans recourir à l'endettement, voire en maintenant une réserve (épargne) stratégique de 10 milliards de dollars. Outre ces explications, le Premier ministre assure également que ce financement sera "d'autant plus aisé" qu'un "consensus national graduel" s'instaure à propos de la "rigueur" des dépenses publiques, des réductions des "gaspillages", l'amélioration de la compétitivité de l'économie nationale "sans remise en cause de la justice sociale". Au titre de cette doctrine, outre la poursuite des rattrapages des déficits, ce plan lance la 2e génération d'investissements de développement et d'aménagement du territoire tel que définit par le plan d'aménagement à l'horizon 2030 adopté cette année. En plus des programmes d'infrastructures socio-économiques, quatre nouvelles villes seront promues et réalisées pour un montant de 500 milliards de DA (nouvelle ville de Sidi Abdallah, Bouinan, Boughezoul et Menea) en plus de Hassi Messaoud qui relèvera du secteur pétrolier. Mais "le développement humain placé au service du développement économique" absorbe, à lui seul, la moitié du budget 10.122 milliards DA (près de 140 milliards de dollars, sur un total de 286 milliards USD). Il englobe tous les paliers de la formation (5000 écoles, lycées et collèges, 50.000 nouveaux enseignants, 600.000 nouvelles place pédagogiques universitaires, etc.), la santé (172 hôpitaux nouveaux), l'habitat (2 millions de logements, dont 800.000 seront encore en construction en 2014), le raccordement électricité-gaz-eau, la jeunesse et sport. Ce volet englobe également des dimensions immatérielles, telle "la cohésion de la nation autour de son identité et de sa personnalité nationale", le développement d'un islam débarrassé des excroissances obscurantistes, le renouveau culturel et même l'essor de l'économie de la connaissance. Ce nouveau plan de développement est tout orienté vers la relance de l'économie nationale qui, malgré les volumineux programmes d'investissements publics, n'a pas dégrippé l'appareil de production national. L'investissement productif national est resté faible, notamment celui des entreprises publiques engluées dans des difficultés financières et les investissements étrangers qualifiés par le Premier ministre de "non-significatifs". Le Premier ministre se prévaut de la "ferme volonté" du président de la République pour "valoriser ce programme économiquement" afin de "conforter la croissance, approfondir la diversification et la compétitivité" et, message appuyé aux partenaires étrangers, "mieux préparer sa plein insertion dans l'économie mondiale". Le Premier ministre a, d'autre part, présenté son bilan de 18 mois de gouvernance, marqué par une décennie de rattrapage des déficits sociaux et économiques qui ouvre la voie à la "consolidation de la transition entre la reconstruction de l'outil économique national et sa plein insertion dans l'économie universelle". Au plan qualitatif, ces 18 mois, selon le bilan présenté M. Ouyahia, ont permis "d'améliorer le cadre de vie et de l'environnement de la société et du développement" à travers l'amélioration de la situation sécuritaire et de la quiétude du citoyen, l'amélioration de la gouvernance, notamment la justice et le service public local et la promotion de l'environnement.