Le 5e colloque international sur la Révolution, consacré cette année au ''rôle de la femme algérienne dans la Révolution'', a été ouvert lundi à l'université de Skikda, en présence des autorités locales et des participants venus de plusieurs universitaires algériennes et françaises. Le président de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) Rabah Aouad, a mis en exergue ''l'importance extrême'' du rôle de la femme algérienne dans la résistance contre l'occupant colonialiste. M. Aouad a rapporté dans ce contexte une anecdote vécue dans le maquis, lorsque, au cours d'une attaque contre un poste militaire, un Moudjahid avait égaré son fusil mitrailleur avant qu'il ne soit récupéré par une femme. L'arme fut dissimulée dans un fagot de bois puis restituée, quelques jours plus tard, à l'Armée de libération nationale (ALN). Ce fait à première vue anodin ''illustre admirablement, avec d'innombrables exemples similaires, le concours inestimable apporté aux combattants par la femme'', a affirmé le Moudjahid Rabah Aouad. ''Pour soumettre ce peuple il est indispensable de le frapper dans ce qu'il a de plus vital, il faut s'attaquer à la femme'', avait dit le général Bugeaud, l'un des principaux officiers de la conquête coloniale, avait rapporté l'historien Olivier Lecour Grandmaison, cité par l'un des intervenants à l'ouverture du colloque. Pour M. Mohamed El Corso, au cours de la longue nuit coloniale, la femme algérienne n'a jamais cessé de constituer l'enjeu de toutes les luttes, ''pour la conquête du sol, mais aussi pour la conquête des esprits, car elle a résisté admirablement à l'assimilation en éduquant les générations dans l'attachement aux valeurs nationales'', deplorant une forme de ''stérilité de la mémoire''. Celle-ci doit ''passer du stade de l'oralité et du domaine privé, pour passer à l'écrit, afin de conserver un patrimoine immatériel fabuleux, fait de luttes, d'expériences riches en enseignements et de sacrifices qui doivent échapper à l'oubli'', a-t-il insisté. Cet historien a également souligné, à ce, propos, que ''l'on ne saura jamais exactement combien de femmes furent violées'' car, a-t-il dit, '''il y a, hélas, le silence des victimes qui facilite l'oubli de ces crimes odieux''. M. El Corso a évoqué les cas cité par l'enquête de la journaliste Florence Beaugé dans le journal ''Le Monde'' en 2005, et rappelé que le témoignage courageux de Louisette Ighil Ahriz sur les viols commis par les parachutistes avait choqué d'autres s£urs victimes des mêmes exactions ignobles. Dans un entretien avec l'APS, Yamina Toubal, militante du mouvement associatif venue d'Alger, a estimé que les générations de l'indépendance ''ont fait de le deuil de la guerre" grâce aux récits des parents et des aînés qui ont légué à leurs descendance les faits essentiels de leur combat et de leurs espoirs. Mme Toubal a cependant souligné que ce ''vécu'' doit être ''partagé par tous, et passer dans le patrimoine commun de tous les algériens, grâce à davantage d'investissements, attendus des créateurs, des artistes et des chercheurs''. Dans une communication intitulée ''combattante, femme algérienne'', le professeur Ali Kouadria, recteur de l'université de Skikda, a rendu un vibrant hommage aux ''élites féminines algériennes, devenue des combattantes pour l'indépendance et la liberté, dans la défense de la cause nationale, devant l'opinion française et internationale''. Intervenant également au cours de la séance de la matinée, le Dr Abderrahim Sekfali, de l'université de Constantine, a souligné que le peu de femmes algériennes qui ont eu accès à l'école, se sont vite engagées dans le combat social et politique. Il a remarqué au passage qu'à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, les écoles libres de l'association des oulémas recevaient bien plus d'écolières que l'école publique ouverte aux indigènes. D'autres communications sont attendues, notamment celles de Karima Ramdani (France), ''l'histoire impossible d'anonymes. Expérience de femmes indigènes algériennes pendant la colonisation française 1830 û 1945'', de Claire Mauss-Copeaux, "Des femmes dans la guerre d'Algérie, les ambiguïtés des récits de guerre des appelés français", ainsi que les interventions de Samia Chabani (France) sur le combat des femmes émigrées en France, Béatrice Borghino (France), sur les femmes et la guerre de libération nationale, Djillali Beloufa (université de Tlemcen) et de Nadhira Chetouane de l'université d'Alger, sur la femme combattante dans la wilaya 4 .