L'accaparement des terres par des étrangers a atteint "un degré alarmant" en Afrique, selon l'organisation internationale Oxfam, alors qu'une ONG vient de tirer la sonnette d'alarme au Sénégal contre cette pratique qui s'exerce "au détriment des producteurs locaux". Pour Oxfam qui travaille avec des ONG dans 99 pays pour trouver des "solutions durables" à la pauvreté, "deux tiers des terres accaparées dans le monde l'ont été en Afrique, où l'insécurité alimentaire est plus importante". Dans un rapport publié mercredi à l'occasion de la tenue d'une réunion de l'Union africaine (UA) au Malawi sur le thème : "Cadre et lignes directrices de la politique foncière en Afrique", Oxfam a estimé à 45 millions d'hectares les terres vendues dans le monde entre octobre 2008 et août 2009. L'organisation internationale a cité, dans ce contexte, le cas du Mozambique où l'accaparement des terres a touché en 2009 "environ 10,9 millions d'hectares", ce qui équivaut à plus de deux fois la superficie des Pays Bas (4,2 millions d'hectares) ou de la Suisse (4,1 millions hectares). Il est signifié par accaparement des terres, "l'acquisition à grande échelle par des investisseurs privés (compagnies ou pays) de terres, avec un impact négatif sur le bien-être et la sécurité alimentaire des populations locales", a-t-on expliqué. Réagissant face à une telle situation, la coordonnatrice du Droit à l'alimentation de l'ONG Actionaid Sénégal, Fatou Mbaye, a déclaré que des terres "sont vendues ou mises à la disposition des personnes qui ont de gros moyens ou à des étrangers qui exportent leur production chez eux en vue de reconstituer les réserves alimentaires de leurs pays". Mme Mbaye qui s'exprimait à l'occasion de la journée internationale de l'Alimentation, avait indiqué qu'"à la longue, nos paysans, faute de moyens, deviendront des ouvriers dans les exploitations de ces étrangers ou vont se ruer vers les villes à la recherche d'emploi". Exhortant les décideurs à initier des voies et moyens pour "assurer la sécurité alimentaire", la représentante d'Actionaid Sénégal a, en outre, plaidé pour "un soutien aux petits producteurs afin de permettre aux femmes notamment d'accéder à la terre.