Algérienne d'origine, de nationalité et de cœur, bonne citoyenne britannique aussi, Mouna Hamitouche peut s'enorgueillir d'être aujourd'hui la première femme arabe à diriger un des districts les plus importants de Londres, depuis son élection à la tête de la mairie d'Islington en mai de l'année en cours. Dans le bureau impeccablement tenu où elle reçoit, vêtue de cette robe vermeille qu'elle porte régulièrement lorsqu'elle est de service, la "First Citizen" de cet arrondissement londonien de 200.000 âmes s'empresse immanquablement de dire toute la "fierté" qu'elle éprouve à servir sa ville mais aussi à faire en sorte de bien représenter son pays, l'Algérie, où elle a vu le jour, grandi et travaillé jusqu'à l'âge de jeune adulte. "C'est pour moi un honneur de représenter dignement la femme algérienne et, à travers elle, mon Algérie natale, dans une institution du Royaume Uni", déclare-t-elle simplement à l'APS. Dotée d'un rare sens du contact et de la communication, une passion et une qualité auxquelles elle doit toute sa popularité auprès des Britanniques, Mme Hamitouche aura abattu un travail considérable, depuis son arrivée en Grande-Bretagne en 1991, d'abord au sein d'associations pour la promotion de la culture algérienne dans la City puis, optant pour la politique, en battant campagne pour le travailliste Tony Blair qui briguait alors le poste de Premier ministre de sa Majesté, qu'il décrochera pour deux mandats successifs. Toutes ces activités rondement menées vont la révéler aux Anglais. Et c'est alors qu'elle fut approchée par des militants du parti travailliste, le Labour, pour les représenter au conseil du parti à Islington, une proposition qu'elle finit par accepter après quelque hésitation. En 2006, elle est élue membre du conseil et se présente aux élections locales qu'elle remportera haut la main pour devenir conseillère dans les assemblées élues, prélude à la consécration finale du printemps 2010. Mais avant tout cela, dans les années 1970, Mme Hamitouche exercera ses talents de communicatrice et de journaliste au quotidien algérienne arabophone Al-Chaab où elle dirigea une page hebdomadaire consacrée à la femme. Elle passera ensuite environ une année à l'agence nationale de presse APS, entre 1978 et 1979, avant d'aller décrocher un doctorat de Communication à l'Université de Paris (France). De retour au pays natal en 1984, elle enseignera pendant quelques années à l'Institut des sciences de la communication de Ben Aknoun à Alger, avant d'opter définitivement pour le Royaume Uni. Aujourd'hui Premier magistrat d'une grosse localité, elle dit être "constamment au four et au moulin" pour une mission qui lui commande, dit-elle, d'accomplir des centaines d'obligations en une seule année, entre une réunion de coordination avec la police, une visite dans les lieux de culte ou dans les écoles ou encore une cérémonie en l'honneur d'un centenaire comme le veut la tradition locale, sans compter les réponses qu'elle doit apporter chaque jour aux multiples sollicitations dont elle est l'objet de la part de ses administrés. Parallèlement à ces activités de tous les jours, elle ne cache pas son désir de faire bénéficier la communauté algérienne de Londres des pouvoirs que lui confère son statut de maire. "Mon but est de fournir de l'aide aux Algériens résidant au Royaume Uni. Il ne faut pas oublier que nous avons été élevés dans cette tradition typiquement algérienne qui consiste à partager avec les frères ce qu'on a et c'est ainsi que je voudrais faire profiter les autres", dit-elle avec émotion et détermination. L'autre objectif qui lui "tient à cœur" est de promouvoir, autant que possible et à l'échelle de son district, l'image de l'Algérie en Grande-Bretagne, par des activités vulgarisant sa culture et son passé glorieux car, affirme-t-elle en connaissance de cause, "l'Algérie et ses réalités sont plus connues, ici, par une certaine élite que par les autres catégories de la population". D'ailleurs, son souhait le plus ardent est de pouvoir acquérir un espace au profit de la communauté algérienne pour en faire une Maison Algérie à l'instar des autres communautés vivant en Angleterre. "Ceci est très important", assène la maire d'Islington.