Les hauts responsables des Finances, réunis depuis mardi à Séoul pour élaborer le projet de communiqué final des pays du G20 sur l'économie mondiale, ne sont pas encore parvenus à s'entendre sur la question des interventions sur les marchés des changes, fragilisant ainsi la trêve conclue fin octobre dernier par les ministres des Finances du groupe, selon des sources proches de la réunion. Les responsables politiques et financiers chargés de la rédaction de ce document pencheraient pour "des systèmes de taux de changes davantage déterminés par le marché et opteraient pour un (renforcement) de la flexibilité des taux de changes pour refléter les fondamentaux économiques", rapportent mercredi les agences de presse. Ils n'auraient en revanche pas encore trouvé d'accord sur la question relative aux interventions des pays sur les marchés des changes, a déclaré mardi Kim Yoon-Kyung, porte-parole du comité présidentiel sud-coréen du G20, à la suite d'une réunion de 14 heures. "Tout (dans le projet de communiqué) a été laissé entre parenthèses parce que personne n'a été capable de se mettre d'accord", a encore dit M. Kim, qui a refusé d'entrer dans les détails des désaccords. Ces hauts responsables devaient poursuivre leurs discussions mercredi, selon M. Kim, qui a ajouté qu'ils avaient convenu de négocier sur la base de l'accord élaboré par les ministres des Finances fin octobre à Gyeongju (Corée du Sud). Leur texte devrait inclure, selon lui, le refus des "dévaluations compétitives", terme technique désignant la guerre des monnaies, ainsi qu'une nécessaire limitation des "déséquilibres excessifs" des comptes courants, mais sans objectif chiffré. Selon l'agence Dow Jones Newswires, qui cite le projet de communiqué du sommet, les pays du G20 vont "s'orienter vers des systèmes de taux de changes davantage déterminés par le marché", comme convenu du reste à Gyeongju, en octobre dernier. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, dont le pays prend samedi la présidence du G20 pour un an, a admis, de son côté, que la "guerre des monnaies" ne serait pas réglée à Séoul, jugeant qu'il s'agissait d'"une question trop compliquée" pour être réglée en un sommet. Les craintes sur une "guerre des monnaies" étaient plus vives que jamais mercredi à la veille de ce rendez-vous, les principaux pays de la planète critiquant les Etats-Unis, accusés de menacer l'équilibre économique mondial en favorisant la faiblesse du dollar, relèvent les observateurs. Les Etats-Unis veulent que les principaux pays exportateurs s'engagent à limiter leurs excédents des comptes courants et réclament une réévaluation plus rapide de la monnaie chinoise, dont le faible niveau est en partie responsable de l'important déficit commercial américain. Mais la Chine et l'Allemagne, notamment, ont refusé un objectif chiffré de limitation de leurs excédents et critiquent la politique de relance américaine qui affaiblit le dollar et devrait augmenter les flux de capitaux spéculatifs vers les pays émergents. La récente décision américaine d'injecter massivement de l'argent dans l'économie a provoqué un déluge de critiques dans le monde, notamment en Chine et en Europe et déclenché un nouvel épisode de la "guerre des monnaies" qui est un des enjeux du sommet des 20 principales économies de la planète qui s'ouvre jeudi. La chancelière allemande Angela Merkel avertit que l'euro "ne doit pas supporter seul le poids" des politiques monétaires visant à affaiblir d'autres devises à un bas niveau. Alors que le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker relève "les réflexes égoïstes" qui semblent régir les comportements de certains pays, le président chinois, Hu Jintao, exhorte, lui, les autres pays à "prendre leurs responsabilités et à faire face à leurs propres problèmes". Les pays du G20, qui représentent ensemble 90% de l'économie mondiale, se réunissent pour la 5e fois depuis décembre 2008, avec pour objectif d'écarter les dangers du protectionnisme, éviter une nouvelle récession mondiale après la crise financière de 2008 et réduire les déséquilibres économiques.