Le parcours littéraire et l'expérience du romancier algérien Waciny Laâradj ont été a coeur d'une rencontre sur le récit à la bibliothèque d'Alexandrie (Egypte) en présence de nombreux intellectuels et critiques. Le débat a été précédé d'une courte projection sur les principales étapes du parcours littéraire de Waciny Laâradj, ses oeuvres, ses articles de presse et ses publications. Un débat autour des thèmes traités dans ses ouvrages et leur relation avec la langue a suivi. Revenant sur sa relation avec la langue arabe qu'il a adoptée tout en préservant son bilinguisme, Waciny a expliqué qu'il s'agissait d'un acquis, "un butin de guerre", dit-il pour reprendre Kateb Yacine. Son penchant pour la langue arabe fut encouragé par sa grand-mère d'origine andalouse qui voyait dans cette langue un moyen d'ouverture sur la culture andalouse. Ce penchant s'est transformé en conviction spirituelle compte tenu des aspects humaniste et mystique de la langue arabe, a-t-il souligné ajoutant que celle-ci était une langue de religion et de littérature. Il a également répondu, trois heures durant aux interventions du public autour de son livre "l'Emir" qui s'intéresse à la personnalité de l'Emir Abdelkader. Traduit dans plusieurs langues, l'ouvrage lui a valu de nombreux prix et réalisé des taux de vente élevés lors des manifestations arabes dédiées au livre. Waciny Laâradj qui a revisité son ouvrage sur l'Emir Abdelkader, a indiqué qu'il fallait mettre en exergue le côté humain de ce personnage qui fut un homme de paix et de dialogue entre les religions rappelant qu'il vait sauvé plus de 20.000 chrétiens durant la guerre civile de 1860 en Syrie. Pour ce qui est de son passage à l'Histoire romancée, Waciny a dit qu'il traitait de l'Histoire sans laisser la matière casser le texte. Le romancier est revenu sur son dernier roman "La Maison maure", retenu pour le prix Booker arabe et celui de la fondation de la pensée arabe. Il a indiqué dans ce contexte que l'ouvrage traitait de la question d'identité précisant que "la culture andalouse fait partie de notre identité" en ce sens qu'elle a marqué de son empreinte plusieurs aspects de notre vie comme la musique, la gastronomie et l'architecture. "La Maison Maure" se vveut surtout un appel à protéger ces aspects qui représentent la diversité et la richesse culturelles, renchérit l'auteur. L'écrivain estime dans une déclaration à l'Aps que cette ouvrage "avait de la chance" mais, a-t-il dit, "le plus important pour moi est que l'oeuvre constitue elle meme un évènement". Paru en 2010, "La maison maure" a été traduit vers plusieurs langues notamment le Français, le Danois, le Kurde et le Persan, fait-il savoir annonçant un projet de traduction vers l'Italien et l'Allemand. S'agissant de la traduction des ouvrages littéraires vers l'Arabe en Algérie, le romancier a indiqué qu'il y' avait de bonnes et de mauvaises traductions, ajoutant qu'il était préférable que la traduction d'un ouvrage littéraire soit confiée à un traducteur spécialisé. Dans ce contexte, il a souligné la nécessité de préserver le caractère poétique et l'aspect algérien dans les traductions des oeuvres littéraires qui donnent souvent un aperçu de la réalité. Waciny Laâradj est un enseignant universitaire connu dans le monde arabe par plusieurs romans, notamment, "Le Bruit des Bottes" (1981), "Les rêves de Meriem la candide" (1984), "Raml Al Maya" (1993), "Balcons des mers nordiques" (2001), "Le livre de l'Emir" (2005) et "La Maison Maure" (2010).