L'Union nationale des femmes algériennes (UNFA) a plaidé jeudi pour la création d'un réseau national de cellules d'écoute destiné aux femmes victimes de violence. Ce réseau national de cellules d'écoute aurait pour objectif de renforcer les actions menées en matière de conseil et d'orientation aux femmes victimes de violence, a précisé à l'APS la secrétaire générale de l'UNFA, Nouria Hafsi, à l'occasion de la célébration de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard de la femme. Le réseau devrait mobiliser toutes les capacités et compétences et s'ouvrir aux différentes forces féminines, institutions publiques et société civile afin de coordonner les efforts pour une meilleure prise en charge des femmes violentées.Mme Hafsi a expliqué qu'il fournirait, principalement, une prise en charge psychologique, sociale et juridique aux femmes victimes de violences ou en situation de détresse. Ce réseau nationale s'élargirait à des cellules locales afin de rapprocher ces mesures d'écoute et d'orientation aux femmes violentés dans des communes isolées et éloignées. Pour sa part, Saada Rahmani, membre de la commission exécutive nationale et présidente de la commission des femmes syndicalistes de la wilaya d'Alger à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a indiqué que les femmes syndicalistes de l'UGTA appellent à la "protection des témoins" en cas de violence à l'encontre des femmes. Elle a rappelé que de nouveaux amendements ont été introduits dans le code pénal portant incrimination du harcèlement sexuel et donnant à la victime le moyen juridique lui permettant de réclamer ses droits et de poursuivre le responsable de cet acte (article 341 bis). Mme Rahmani a estimé, cependant, que les amendements introduits dans cet article restent encore "insuffisants", car ne prenant pas en considération la protection du témoin, "facteur important pour que la plainte de la victime contre son agresseur soit recevable". Elle a appelé toutes les femmes à s'informer des dispositions réglementaires et des instruments nationaux traitant du phénomène de la violence à l'encontre des femmes en milieu professionnel, afin de connaître leurs droits. La présidente de la commission des femmes syndicalistes de la wilaya d'Alger a, en outre, recommandé aux femmes victimes de violence de se rapprocher des professionnels sociaux concernés pour bénéficier de leur aide. De son côté, Faika Mdjahed, responsable du service santé femme à l'Institut national de santé public (INSP) a qualifié la violence à l'égard des femmes de "problème de santé public". La violence à l'encontre des femmes, particulièrement la maltraitance physique, engendre des conséquences néfastes sur la santé de la femme, notamment la femme enceinte, a-t-elle précisé. Mme Mdjahed a relevé que 80 % des différentes formes de violences à l'égard des femmes en Algérie sont dus aux problèmes familiaux, alors que 15 % se produisent en milieu professionnel. Evoquant quelques mesures de prise en charge dans le domaine de la santé, la même responsable a indiqué qu'un programme de formation a été lancé au profit des professionnels du secteur, notamment des sages femmes, psychologues, médecins et gestionnaires pour dépister le phénomène de violence. La mise en place d'une banque de données nationale est en cours de réalisation sur les différentes cas de violence, leur ampleur et leurs causes, dans le but de centraliser les statistiques et les informations et mettre en place des politiques de prise en charge, a-t-elle ajouté. L'Organisation des Nations unies (ONU) a indiqué dans son rapport rendu public à l'occasion de la célébration de cette journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard de la femme que "le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis". Le même rapport relève que les femmes victimes de violences souffrent de toute une gamme de problèmes de santé et leur capacité à participer à la vie publique s'en trouve diminuée.