Les rejets en mer constituent une menace pour les espèces halieutiques et subséquemment pour la santé publique, a estimé le président comité d'organisation d'un colloque international sur "La biodiversité et les écosystèmes littoraux", ouvert dimanche à Aïn El-Turck (Oran). Des travaux de recherche menés dans ce domaine à Oran ont confirmé la présence élevée d'éléments toxiques tels le plomb, le mercure, le cadmium, le fer et le zinc, a précisé le professeur Zitouni Boutiba qui est directeur du Laboratoire Réseau de surveillance environnementale (LRSE) de l'université d'Oran-Es-Sénia. Il a expliqué à l'APS, en marge de cette manifestation internationale, que les produits toxiques ont été révélés à travers différentes stations de mesure de contamination installées par l'équipe du LSRE le long du littoral oranais. Ces rejets, a-t-il poursuivi, sont dus notamment au non respect de la réglementation régissant les activités de la pêche, de l'industrie et de l'agriculture ainsi qu'au déversement des eaux usées domestiques. Le non respect de la réglementation par les opérateurs des secteurs précités constitue, selon lui spécialiste, "une réelle menace pour divers produits de la mer qui consomment les substances nocives en les considérant comme nourriture". Et d'avertir que "l'homme y est également exposé sachant que les substances pathogènes se retrouveront dans son organisme après qu'il aura pêché et consommé de ces ressources halieutiques". Pour ce chercheur, les activités mises en cause ont aussi un impact direct sur les dauphins, les baleines, les tortues marines et les stocks de poissons comme les mollusques (huîtres et moules) et les oursins. Certaines espèces ont déjà disparu, a rappelé M. Zitouni, en citant le cas du phoque-moine que "l'on n'a plus revu depuis cinq années alors qu'il était présent du côté des îles Habibas, à l'extrême Ouest de la baie d'Oran". Plus de 200 spécialistes participent à ce colloque international de trois jours, parmi eux des compétences nationales et étrangères en provenance des Etats-Unis d'Amérique, d'Angleterre, France, principauté de Monaco, Espagne, Hongrie, Italie, Turquie, Syrie, Liban, Maroc, Mauritanie et Tunisie. Les travaux s'articulent autour de quatre thèmes, à savoir "Ecologie et risques littoraux", "Bio-surveillance marine et littorale", "Gestion des ressources marines et développement durable", et "Aménagement du littoral et politiques de gestion". Le rôle de l'Algérie dans la préservation de la biodiversité marine et littorale a été également mis en relief, M. Zitouni rappelant que la préoccupation officielle des pouvoirs publics à l'égard de la pollution marine remonte à la promulgation de la Loi du 5 février 1983. Le littoral algérien s'étend sur plus 1.280 km, concentrant l'essentiel des grands pôles urbains, industriels et économiques dont certaines activités ont des "effets négatifs" en terme de nocivité et d'atteinte à l'environnement et à la santé publique, a-t-il observé. Ce colloque se propose de mettre au point une collaboration entre les différentes structures de recherche à l'échelle nationale, et de lancer à l'échelle régionale une coopération inter-maghrébine et euro-méditerranéenne pour "la mise en place de programmes communs de conservation du milieu marin dans toute sa grandeur, les stratégies envisagées étant indissociables d'une vision méditerranéenne,voire globale". Cette manifestation scientifique qui fait suite à un workshop international sur le même thème tenu en novembre 2007 à Oran, est organisée en partenariat avec le Centre de recherche Mer Molécules Santé (MMS) de l'université de Nantes (France), sous l'égide de la Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique (DG-RSDT).