La consolidation du partenariat économique entre les continents africain et européen a été recommandée lundi à Tripoli par les intervenants lors de la cérémonie d'ouverture du 3e sommet Afrique Europe, auquel prennent part plusieurs chefs d'Etat, de gouvernement et de délégation dont le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. La consolidation du partenariat économique a pour objet d'insuffler un nouveau souffle à ce partenariat, d'autant plus que les engagements du précédent sommet de Lisbonne ne sont pas complètement concrétisés, ont relevé les différents orateurs. Le guide de la Révolution libyenne, Maâmar El-Gueddafi s'est "félicité", à l'ouverture du sommet, que les pays africains et européens soient arrivésà dépasser leurs divergences, héritées d'un passé colonial, pour consacrer, à présent, leurs efforts, à l'édification de relations basées sur la paix et le développement économique. Toutefois, le leader libyen a regretté que les objectifs assignés au partenariat Afrique-Europe ne soient pas concrétisés, au grand dam des populations du continent noir. Il a estimé que les deux parties se sont plutôt occupées de la politique et ont relégué, au second plan, le développement économique. Le guide de la Révolution libyenne a fait remarquer qu'à ce rythme, les Africains risquent d'opter pour un partenariat avec des pays émergents à l'exemple de ceux de l'Amérique latine, la Chine ou l'Inde. De son côté, le représentant du président en exercice de l'Union africaine, Ali Bongo, a appelé les dirigeants des deux continents à prôner un "dialogue politique sincère", tout en privilégiant les investissements économiques. Il a affirmé que l'Afrique a besoin d'investissement, de subventions et d'aides de la part de l'Europe pour lutter contre la pauvreté, créer de l'emploi et éviter aux Africains de migrer. Il a rassuré que les Africains sont disposés à concrétiser leurs différents "ambitieux" programmes de développement économique avec les Européens voire, a-t-il ajouté, avec les pays du reste du monde. Le président du Conseil de l'Union européenne (UE), Herman Van Rompuy, a affirmé, pour sa part, que l'UE continuera à assumer ses responsabilités et à tenir ses engagements, rappelant les 50 milliards de dollars dégagés M. Van Rompuy a considéré que l'Afrique demeure un partenaire "incontournable" pour l'Europe, compte tenu de son "poids" et son "influence" dans le monde, a-t-il dit. S'agissant du volet paix et sécurité, le président du Conseil de l'UE a affirmé "soutenir, apprécier et encourager" la démarche entreprise par l'UA à cet égard. Pour sa part, le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping a exhorté l'Europe à "changer sa vision" envers l'Afrique et considérer le continent comme un "partenaire à part entière". "Nous exigeons un partenariat plus élargi avec l'Europe afin d'accélérer le processus de développement et de croissance en Afrique", a ajouté M. Ping. Son homologue de la Commission de l'UE, José Barroso, a indiqué que le sommet de Tripoli s'apparente à un "défi" quant au renforcement du partenariat Afrique-Europe. En ce sens, il a regretté que l'Afrique consomme 18,5% de l'énergie mondiale et reste le premier continent à souffrir des effets du changement climatique. "L'Europe est disposée à accompagner l'Afrique à investir dans des créneaux relevant du développement durable", a ajouté M. Barroso, soulignant que 180 millions d'euros ont été consacrés, à cet effet, par l'Europe en faveur de l'Afrique. De son côté, le Premier ministre turc, M. Tayyip Erdogan, en sa qualité d'invité d'honneur à ce sommet, s'est dit "satisfait" des résultats de la stratégie d'échanges et de partenariat entamée par son pays avec l'Afrique depuis 2003. En plus du volet économique, M. Erdogan a souligné que son pays poursuivra ses efforts pour le recouvrement de la paix en Afrique, affirmant que la Turquie soutient le déroulement d'un référendum au Soudan au même titre que le retour de la paix et de la stabilité en Somalie. Tout en affichant la "solidarité" de son pays à l'Afrique, il a rappelé que la Turquie avait abrité, en mai 2010, une conférence sur la Somalie. Par ailleurs, la vice-présidente du Parlement panafricain, Mary Mugyenyi, a insisté sur la souveraineté des pays africains dans leurs décisions, appelant aussi les pays européens et africains à soutenir le Sahara occidental dans son combat pour l'autodétermination. Elle a ajouté que la pauvreté, le racisme, les flux migratoires clandestins et les autres maux rongeant l'Afrique ne peuvent trouver de solution sans l'implication des partenaires par des investissements à même de permettre au continent de s'inscrire dans une réelle dynamique de développement.