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Il n'y a pas de "conflit" entre ce qui s'écrit en arabe ou en français (écrivains)
Publié dans Algérie Presse Service le 02 - 12 - 2010

Les écrivains algériens Rachid Boudjedra et Amine Zaoui ont soutenu, mercredi à Batna, qu'il n'existe aucune "rupture" ou "conflit" entre ce qui s'écrit en arabe et ce qui s'écrit en français. Rencontré par l'APS en marge d'un séminaire international sur la littérature maghrébine d'expression française ''pourquoi écrire et pour qui écrit-on'', ouvert mercredi à l'université Hadj-Lakhdar, Rachid Boudjedra a souligné que le problème qui se pose aujourd'hui est celui de la production. Il a estimé que ce qui intéresse le lecteur arabe et algérien, c'est surtout la qualité de l'œuvre et les ''choses nouvelles'' apportées par l'auteur.
Pour l'auteur de "L'escargot entêté", la littérature maghrébine s'est désormais mondialement imposée avec sa personnalité propre et se trouve en perpétuelle évolution dans sa modernité et ses techniques. La littérature algérienne est en outre devenue, a-t-il noté, un véritable phénomène qui fait l'objet d'études à l'échelle mondiale.
Boudjedra a également estimé qu'il était ''faux'' de dire que la génération des nouveaux écrivains n'a pas de lecteurs car, selon lui, le bon auteur finit toujours par s'imposer sur la scène littéraire mais pour y parvenir il doit ''faire preuve d'honnêteté à l'égard de lui-même et d'audace face à la société''.
Le Dr. Amine Zaoui a estimé de son côté que parler de littérature maghrébine d'expression française, après un demi siècle d'indépendance, pourrait suggérer ''une rupture entre l'identité en tant que notion politique et idéologique, d'une part, et la littérature en tant que notion esthétique véhiculant des contenus, des messages et des valeurs nobles, d'autre part". La logique de la littérature n'est pas celle de la politique, a ajouté le romancier algérien, estimant que la première transcende les frontières et même les langues et voudrait aujourd'hui voyager au travers des diverses langues par multiples moyens, dont la traduction.
Il a également relevé que la tenue de ce séminaire à l'université de Batna ''montre qu'effectivement, l'on vient de commencer à traiter les questions cognitives et humaines loin des thèses idéologiques'' car, a-t-il assuré, ''en tant que génération nouvelle, nous n'avons pas la sensibilité qu'avait à l'égard de la langue française la génération de Kateb Yacine, Maled Haddad, Mouloud Mammeri et de Mouloud Feraoun qui avaient vécu la période coloniale durant laquelle la langue arabe était une lange de marginalisation et d'exclusion''.
L'auteur de ''La chambre de la vierge impure'' a rappelé qu'il est ''un élève de l'école algérienne'' qui ''voit dans le français (sa) propre colonie nouvelle, à l'instar des autres membres de (sa) génération, tandis que la génération précédente d'écrivains voyait dans le français un asile forcé''. La littérature maghrébine d'expression française s'intéresse, a-t-il souligné, tout comme la littérature arabe, à des questions humanistes. Elle a réussi à transmettre au monde, au travers de la traduction de plusieurs de ses éminents représentants, un ''message fort''.
Amine Zaoui a ajouté ''pouvoir, à travers (son) expérience d'écriture en arabe puis en français, affirmer que les écrivains algériens, aujourd'hui, n'éprouvent aucune sorte d'anxiété dans leur personnalité, et ils écrivent tout en étant imbibés de leur puissante et authentique culture qui plonge ses racines dans le patrimoine arabo-musulman. ''Lorsqu'on écrit en français, on ne se pose plus la question de l'identité mais seulement celle de savoir si nous sommes entrain d'écrire une bonne littérature'', a-t-il souligné.
Les deux écrivains qui avaient commencé à écrire en arabe puis en français ont affirmé que le temps des ''rapports froids'' entre ceux qui écrivent en arabe et ceux qui le font en français est ''révolu'' car, selon eux, écrire dans une langue ne signifie pas se défaire de son authenticité, ni de son patrimoine et encore moins des trésors de la langue mère.
Ce séminaire est organisé par le département de langue française de l'université de Batna, de concert avec l'école doctorale algéro-française. Des chercheurs de différentes universités nationales, ainsi que de Suède, de France et de Tunisie y prennent part.


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