Le médiateur de l'Union africaine (UA) en Côte d'Ivoire, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki poursuivait lundi ses discussions avec les différentes parties ivoiriennes, en vue de régler la crise post-électorale qui menace l'unité et la stabilité du pays. Dépêché par l'UA depuis dimanche à Abidjan pour tenter de trouver une issue à l'impasse politique régnant en Côte d'Ivoire, M. Mbeki a eu déjà des entretiens avec Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui se revendiquent "vainqueurs" de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier. L'émissaire de l'UA a rencontré aussi l'envoyé spécial de l'ONU dans le pays Youn-jin Choi ainsi que des membres de la Commission électorale indépendante (CEI). M. Mbeki souhaite rencontrer d'autres parties dans l'espoir de parvenir à une solution pacifique et globale à la crise ivoirienne, qui risque de s'aggraver davantage au lendemain de la nomination par Gbagbo et son opposant Outtara de leurs "gouvernements différents". "Nous voulons entendre le point de vue de tout le monde dans cette affaire avant de faire des recommandations sur ce qu'il convient de faire", a déclaré l'émissaire de l'UA à la fin de ses entretiens au palais présidentiel avec Laurent Gbagbo. A la demande de Ouattara, M. Guillaume Soro, a formé son gouvernement composé pour l'instant de treize ministres. M.Soro détient aussi le portefeuille de la Défense, selon son porte parole. Au pouvoir depuis 2000, Gbagbo a, lui aussi, nommé dimanche soir l'universitaire Gilbert Marie N'gbo Aké au poste de Premier ministre. Lundi, le Chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), Soro, a appelé le médiateur de l'UA à presser le président sortant à "quitter le pouvoir et de faire une "transmission pacifique" à Ouattara, reconnu "vainqueur légitime" de la dernière présidentielle, par la communauté internationale. "Nous avons demandé au médiateur de l'UA, M. Mbeki qu'il demande à Laurent Gbagbo de partir, de laisser le pouvoir et de faire une transmission pacifique à Ouattara. Il faut que l'alternance soit", a déclaré M. Soro à des médias. En dépit de la difficulté de sa mission, Mbeki déjà ancien médiateur dans la crise ivoirienne, explorera toutes les pistes susceptibles de mener à une sortie de crise en Côte d'Ivoire. La situation "est évidemment très grave", a reconnu l'émissaire, estimant "important d'éviter les violences, de ne pas revenir à la guerre" et de "trouver une solution pacifique". Pour sa part, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) doit tenir mardi à Abuja (Nigeria), un sommet extraordinaire d'urgence pour examiner tous les moyens de résoudre le problème politique ivoirien. La Côte d'Ivoire est confrontée à une grave crise post-électorale depuis vendredi dernier, à la suite de la proclamation par le Conseil constitutionnel, du président sortant Gagbo comme "vainqueur" de la présidentielle avec 51,45%. Avant cette proclamation vivement contestée par la communauté internationale, le Conseil constitutionnel a invalidé des résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) donnant son rival Outtara en tête avec 54,1%. Cette situation a créé un climat tendu marqué par des violences entre les partisans des deux camps, faisant deux morts et des blessés, selon des médias.