L'Algérie doit réfléchir à la fabrication de ses propres logiciels en vue d'assurer une meilleure sécurisation de ses réseaux informatiques, a indiqué, mardi à Alger, M. Abdelaziz Derdouri, président-directeur général de la Société de sécurisation des réseaux informatiques (SSRI). "De par le monde, la vulnérabilité de beaucoup de logiciels facilitent les attaques dont font l'objet, de la part des hackers, de nombreux sites Internet", a expliqué M. Derdouri, qui s'exprimait dans le cadre d'une conférence portant sur les révélations de Wikileaks, organisée par le Centre des études stratégiques et sécuritaires (SESS). Pour M. Derdouri, la vulnérabilité à laquelle il fait allusion est "voulue" afin de permettre une intrusion dans les systèmes informatiques de nombreux pays à travers le monde. Le premier responsable de la SSRI a estimé que, pour l'Algérie, la seule alternative à même de diminuer de l'ampleur des attaques informatiques dont ses réseaux font l'objet est de construire ses propres logiciels. Dans ce cadre, il a insisté sur le fait d'accorder une "plus grande importance" aux élèves et étudiants brillants afin de les retenir, une fois leurs études universitaires achevées. "Beaucoup de compétences algériennes en informatique travaillent dans des sociétés d'informatiques d'envergure mondiale. Il faut absolument tout faire pour encourager nos jeunes informaticiens à rester dans leur pays et, par ricochet, contribuer à son développement, particulièrement dans la fabrication et le développement de logiciels", a en substance déclaré M. Derdouri. Evoquant la cybersécurité, le conférencier a indiqué que celle-ci n'est pas "l'affaire du gouvernement" mais concerne les citoyens dans leur totalité. S'agissant de l'affaire Wikileaks qui a défrayé, ces derniers temps, la chronique, M. Derdouri a fait savoir que ce site s'est mis en évidence en octobre dernier, après qu'il eut rendu public 400 mille documents jugés confidentiels relatives à la guerre en Irak. M. Derdouri a fait remarquer qu'après cette "plus grande fuite de l'histoire", le débat aux Etats-Unis d'Amérique sur Wikileaks et l'influence que celui-ci pourrait avoir sur l'avenir des relations diplomatiques entre les pays, fait ressortir deux approches "diamétralement opposées". "La première, d'essence répressive, aspire à la punition du responsable à l'origine des fuites enregistrées jusque-là, au moment où la seconde appelle à la redéfinition de la protection des réseaux", a expliqué M. Derdouri. Affirmant que les outils servant aux attaques informatiques sont "très sophistiqués", M. Derdouri estime qu'"il est de nos jours aisé d'attaquer de n'importe quelle partie du monde", ajoutant que dans le "cyberwar" (guerre cybernétique), "on ne connaît pas son ennemi, ni le lieu d'où il a attaqué". Au sujet de la réversibilité de Wikileaks, le conférencier estime que le site continuera à exister grâce, notamment, au soutien des internautes, affirmant que des fonds étaient récoltés en ligne dans la perspective d'assurer la défense de Julian Assange. Il a, en guise d'indicateurs susceptibles de conforter la thèse de soutien à Wikileaks, fait savoir qu'un récent sondage effectué par le quotidien britannique "The Guardian" fait état de 86 % de personnes se disant "prêtes" à soutenir et aider Wikileaks à activer comme par le passé au moment où seulement 13 % affirment être décidées à faire le contraire si la possibilité leur était donnée. Au sujet des intrusions dans des systèmes informatiques, en vue d'y voler des données (de quelque nature qu'elles soient) ou d'altérer celles-ci, M. Derdouri a fait savoir qu'avant l'attaque elle même, il y a une phase relative au recueillement des informations au sujet du réseau ciblé. M. Derdouri a insisté pour dire qu' Internet a chamboulé de nombreux domaines, expliquant que ce moyen de communication bénéficie d'un intérêt "accru" de la part des grandes puissances à l'échelle planétaire. Dans ce cadre, il a indiqué que lors d'une rencontre tenue récemment en Allemagne, les Russes ont exprimé leur souhait de ne pas voir "se militariser" Internet au moment où les Américains ont adopté une position contraire, créant même le "commandement central de la cybernétique de guerre". Le conférencier estime qu'en l'état actuel des choses, "il sera très difficile d'arriver à un accord sur la démilitarisation d'Internet". Lors des débats, d'aucuns ont estimé que les révélations faites par Wikileaks n'en étaient "pas vraiment unes" car connues pour certaines, devinées pour d'autres.