Les sites culturels et naturels classés patrimoine mondial sont laissés à l'abandon. De nombreux sites naturels et culturels à travers le monde ont été inscrits au patrimoine mondial lors de la 34e session du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco à Brasilia. Le Parc national de l'île de la Réunion en France, l'archipel isolé des Papahanaumokuakea des îles Hawaï des Etats-Unis, le plateau de Putorana en Russie, le quartier des canaux à Amsterdam, la cité impériale de Thang Long-Hanoï au Vietnam ou encore la région montagneuse de forêts du Sri Lanka sont autant de sites qui font désormais partie du patrimoine mondial de l'humanité. En Algérie, c'est plutôt le contraire qui risque de se produire. Des monuments culturels et des sites naturels, déjà inscrits au patrimoine universel, risquent d'être déclassés de l'avis de certains observateurs. En effet, en adhérant à la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, naturel et culturel, chaque Etat se doit d'assurer la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel dont il dispose. C'est en 1982, dix ans après l'adoption de cette convention par l'Unesco, que des sites naturels et culturels en Algérie ont été inscrits au patrimoine mondial par cette organisation. La cité antique de Djemila, les vestiges de Timgad, la Qal'âa des Beni Hammad, la Casbah d'Alger ou encore Tipasa sont les sites qui ont rejoint la longue liste établie par l'Unesco en 1982. L'état dans lequel se trouvent ces hauts lieux de l'histoire, aujourd'hui, est pour le moins que l'on puisse dire, affligeant. Chaque année, la cité antique de Djemila reçoit le festival éponyme de la chanson arabe. Il est inutile de rappeler toutes les nombreuses menaces que constitue ce genre de manifestations sur la sauvegarde et préservation de ce site archéologique. Elle s'écroule lentement et tranquillement dans l'indifférence totale des autorités locales. Le cas de la Casbah d'Alger est dans ce sens, édifiant. Il suffit d'y mettre les pieds une seule fois pour constater l'état de décrépitude dans lequel elle se trouve. Des pans entiers de notre histoire risquent ainsi d'être effacés. Les nombreux appels lancés par les associations de protection de ce patrimoine ancestral restent le plus souvent lettre morte. Témoin de plus d'un millénaire d'histoire, Tipasa ne fait malencontreusement pas l'exception. Preuve en est: l'état éctuel de ce joyau de l'humanité, tant encensé, qui a inspiré de nombreux poètes et écrivains dont Albert Camus, inscrit en 2006 sur la liste du patrimoine en péril lors de la 30e session du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco, qui s'est tenue à Vilnius en Lituanie. Hadjer GUENANFA