Hind «Yellis n'Ichaouien» – la fille des Chaouia ndlr – est l'unique femme qui a osé s'aventurer parmi la pléiade de richissimes bijoutiers venus exposer leurs produits en or, l'argenterie restant le domaine exclusif de la Kabylie et des Aurès ; dans l'orfèvrerie-joaillerie métiers exclusivement monopolisés par les hommes. Cette chasse gardée forcera cette jeune fille de 24 ans, radieuse, sensuelle et imaginative à la fois, à quitter le monde de l'enseignement pour se consacrer à une vocation, celle de façonner l'argent et l'or, ces minéraux séculaires. Dans le centre spécialisé de la formation professionnelle de Timgad, elle apprendra les rudiments du métier. Son imaginaire avéré pour l'art lui inspira, pour l'examen de sortie, le façonnage en argent, orné d'une fine couche d'or, du diadème de l'empereur romain Trajan qui créa Thamugadi, l'actuelle Timgad. Mordue de cet art séculaire dans la région, Hind refuse de «troquer l'œuvre pour des sous». Elle «n'en fera pas une source de revenus». Ce joyau conçu avec, en face avant, la porte de Trajan – d'où le nom de diadème de Trajan – pèse environ 55 g et est garni de diamants, de perles blanches et maillé de fines filigrane. Khalida Toumi, la ministre de la Culture, l'aura reçu comme présent par les autorités lors du Festival de Timgad en 2004. Le diadème est sous protection de l'ONDA, cet organisme protecteur des droits d'auteur. Ayant participé à plusieurs manifestations avec ses créations d'orfèvrerie, Hind déplore à l'instar de ses admirateurs au goût raffiné pour l'art, la non-assistance des autorités tant locales que centrales. «J'ai enseigné mon art, pour ne pas dire métier, à Timgad, mais j'ai abandonné.» Sa vie, Hind, c'est le façonnage de l'argent, l'amour de sa famille qui, seule, essaie de la consoler par l'octroi d'une chambre lui servant d'atelier. Elle sera probablement la révélation de ce Salon de l'artisanat, du prix du meilleur produit.