Par Boubakeur Hamidechi//le soir d'algérie// [email protected]// On le dit en difficulté au sein de sa famille. Certains observateurs ajoutent même qu'il serait en délicatesse avec son mentor, le chef de l'Etat. Assailli de toutes parts par des offres de service émanant des apparatchiks, le secrétaire général du FLN est peut-être affaibli voire «touché» mais pas encore «coulé». En effet, aucune disposition organique ne l'empêche de survivre dans son poste après la session du CC extraordinaire qui doit se tenir aujourd'hui. Belkhadem, en butte à la critique féroce du courant emmené par un certain Salah Goudjil, vieil éléphant du parti, possède non seulement une bonne marge de manœuvre mais également un atout majeur en main avant le prochain congrès. Dans la perspective des élections législatives et locales de 2012, n'est-il pas le seul qui soit capable d'agiter la carotte des candidatures ? Ses contestataires, qui, d'ailleurs, n'ignorent pas la fascination qu'exerce ce genre de promotion auprès de la base, n'ont-ils pas déjà anticipé sur le risque de leur échec en annonçant solennellement qu'ils seraient prêts à aller aux élections avec des listes «autonomes » ? La surenchère, en elle-même, est significative de la gravité de la crise actuelle bien que ce parti de pouvoir n'en soit pas à la première du genre. Car le putschisme qui a ponctué ses 15 dernières années (1990-2004) a fini par devenir son identité et sa marque de fabrique. Mehri, Benhamouda, Benflis et de nos jours Belkhadem furent, tour à tour, «redresseurs» puis victimes. C'est dire simplement que les successions à la tête de cet appareil ont de tout temps été orchestrées de l'extérieur du cadre militant. Et pour cause, le FLN est tout sauf un parti politique ordinaire. Il demeure, presque un demi-siècle après son invention, la «société par actions» du système où celui-ci recrute ses agents. Enjeu permanent dans la composition ponctuelle des sphères du pouvoir (gouvernement et parlement), il constitue l'assurance de la pérennité du système. C'est pourquoi la moindre crise qui le secoue de l'intérieur est vite assimilée à une affaire d'Etat. Régulateur des équilibres entre les clans, il est indirectement l'inspirateur des régimes et le dispensateur des carrières. De ce fait, son instrumentalisation est devenue le préalable cardinal chaque fois qu'il a été question d'amorcer un nouveau virage. Il est vrai, qu'hormis la parenthèse Mehri marquée par le primat de l'idéologie sur les arrangements traditionnels avec le pouvoir, jamais le FLN n'a su exister sereinement dans l'opposition. En effet, malgré la compétence de ses cadres, il s'est toujours refusé à s'éloigner du premier cercle préférant ainsi la satellisation à l'autonomie doctrinale. Son impréparation culturelle et sa forte imprégnation par les codes du système l'empêchent, à ce jour, de passer du statut d'appareil de manœuvre à celui de courant politique réellement alternatif. Son personnel, façonné dans le terreau du carriérisme, ne devait finalement se «bonifier» que dans ce genre de guerre des tranchées dont on connaît les buts inavoués malgré les dénégations morales qui sont avancées. «Ethique», «fondamentaux doctrinaux» et même «déviation politique» n'ont-ils pas été des reproches faits à Benflis par Belkhadem au lendemain du 8e congrès ? Ces formules de militant procureur ne constituent-elles pas la vulgate de l'appareil et qui se retourne actuellement contre le secrétaire général ? Ce dernier en paye le prix de ses règlements de compte du passé puisqu'il voit se lever des boucliers de redresseurs identiques à ceux qu'il mobilisa contre son prédécesseur. Or la similitude des opérations exclut l'hypothèse farfelue d'un travail de repositionnement du FLN à l'abri de toute interférence. Si Goudjil et les dissidents contestent Belkhadem avec une telle agressivité c'est que, quelque part, certains feux verts leur furent accordés. De la même manière qu'opéra l'actuel SG, quand il assiégea Benflis sur la demande de Bouteflika et que les Belayat, Hadjar et consorts fomentèrent, pour le compte de Zeroual en 1994, leur coup d'Etat «scientifique» contre Mehri. Comment par conséquent ne pas mettre l'opération en cours dans la même perspective que les précédents ? Au moment où le pouvoir se prépare au grand ravalement de la Constitution, le zélateur du coup d'Etat constitutionnel du 12 novembre 2008 ne devient-il pas encombrant par ses responsabilités à la tête du FLN ? Un système politique contraint à un virage peut-il s'accommoder de la plus illustre girouette quand celle-ci plaidera, par servitude, une limitation des mandats contre laquelle elle fit une honteuse campagne 36 mois auparavant ? A l'évidence donc, Belkhadem ne sera plus dans son rôle dans le futur pilotage des réformes. En quête de crédibilité, Bouteflika n'est plus en mesure de confier à ce fidèle serviteur le soin d'expliquer pédagogiquement le changement promis. Trop marqué par la sombre malversation du 3e mandat, Belkhadem est en fin de mission. Voilà comment s'explique, en partie, cette néodissidence au FLN. Elle se résume à une stratégie de chaises musicales pour fournir un sursis au régime.