L'universitaire désigne du doigt les unités industrielles qui jettent du plomb dans la nature. Le wali a été saisi, mais aucune action n'a été entreprise, alors que la situation est très grave. La région qui s'étend de la ville de Batna à la daïra d'Aïn Yagout est contaminée par les métaux lourds. C'est ce que révèle l'étude menée par Belkacem Beghiani, maître-assistant en géomorphologie à l'université Hadj Lakhdar de Batna. Que ce soit dans l'eau, la végétation ou le sol, la présence de plomb, entre autres métaux, atteint des taux éminemment supérieurs à la norme. Le plomb, à titre d'exemple, est présent dans le sol à hauteur de 0,7486 mg/l; dans l'eau à 0,1206 mg/l et dans la végétation à 0,1005 mg/l. Selon l'auteur de l'étude, ces taux influent gravement sur la santé publique et seraient la première cause de cancer dans la région. «Nous avons demandé des statistiques au service d'épidémiologie au CHU de Batna, mais hélas, nous n'avons rien eu», a-t-il déclaré, ajoutant que l'objectif est celui d'«établir une carte et voir quel sont les zones les plus touchées». L'étude révèle aussi les causes de cette contamination et désigne les responsables. En effet, l'analyse des rejets des unités industrielles a permis de montrer que les usines de tannerie, de textile et de batteries sont les principales sources de rejet de métaux lourds dans l'oued qui travers la zone industrielle de Batna. «Nous avons décelé la présence de métaux lourds dans les rejets de ces usines, bien que la formule chimique qu'ils nous ont présenté n'en fasse pas mention», a déclaré Belkacem Beghiani. En outre, il est aisé de constater que la partie de l'oued où sont déversés les déchets industriels, contourne la station d'épuration des eaux usées (STEP) et rejoint l'oued en aval. A ce sujet, l'universitaire explique qu'il devient inutile de filtrer l'eau si c'est pour la contaminer ensuite. «L'agriculteur dont les terres se trouvent en aval de la STEP irrigue ses plantations avec cette eau. D'ailleurs, l'analyse des légumes produits par la région montre un taux élevé de plomb. La consommation de ces végétaux devient alors très nocive pour la santé», a-t-il dit. Les solutions à ce grave problème de contamination existent, selon Belkacem Beghiani. Ce qu'il faut, c'est une intervention «en force» de l'Etat. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées, mais elles nécessitent beaucoup de temps et de moyens matériels et humains. A titre d'exemple, l'utilisation de plantes spécifiques qui absorbent les métaux lourds, sauf que cette méthode nécessite plus d'une dizaine d'années pour donner des résultats. D'ailleurs, un rapport faisant état de la situation a été remis à la direction de l'environnement, lors du dernier bilan annuel à l'APW. «J'ai tout expliqué dans ce rapport. Le wali s'est dit satisfait de mon travail, mais aucune action n'a été entreprise, alors que la situation est très grave», a-t-il affirmé. Et d'ajouter: «Il faut une action d'envergure, puisque le problème concerne aussi d'autres villes. Khenchla, Kaïs et Aïn Baïda sont aussi touchées par une contamination au mercure.» La sonnette d'alarme est tirée, les autorités doivent prendre leurs responsabilités.