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Contribution : Sans l'Algérie, la Misma, c'est la France
Publié dans Batna Info le 26 - 01 - 2013


Par Mohand Bakir
Pour en faire une chasse gardée, un domaine réservé, les experts, les politiques, les initiés nous disent : «La géopolitique, c'est compliquée !» Et si les choses n'étaient pas aussi inaccessibles que cela ?
La crise malienne est vieille, comme l'est son Etat postcolonial. Les institutions et les frontières, héritées de l'occupation française, ont servi peu ou prou à reproduire les mêmes rapports d'autorité, d'allégeance et de soumissions. Les convulsions récurrentes au nord du pays sont les conséquences évidentes, souvent violentes, de cet héritage. La France a gardé dans la région des «intérêts vitaux». D'abord, soulignons la nécessité pour elle de s'assurer le contrôle de l'accès et de l'exploitation de l'uranium dans le nord du Niger. Pour vendre des centrales nucléaires, la France est tenue de garantir à ses clients la disponibilité et l'accessibilité du minerai. En toutes circonstances, et quelle que soit la nature du pouvoir en place dans ces pays, elle veille constamment sur cette source d'approvisionnement. Au-delà, il y a sans doute un intérêt pour le potentiel en hydrocarbures des différents bassins sédimentaires de la région... Les Etats postcoloniaux des sous-régions nord-africaines, sahéliennes et ouest-africaines ont fétichisé les frontières héritées de « l'œuvre» coloniale. Ils se sont dispensés de rechercher des dynamiques intégratrices qui auraient progressivement gommé ces frontières pour faire place, dans le même élan, à l'émergence d'espaces régionaux intégrés et de territoires réhabilités. Comme cela se fait en Europe ou en Amérique du Nord. Cette région concentre des enjeux économiques monumentaux. Elle suscite des rivalités stratégiques entre les puissances, et couve un terreau de conflictualités ethno-économicosociales propices à en faire les Balkans du XXIe siècle. Le grand jeu auquel s'y livrent les puissances ne pouvait que se doubler de l'intrusion violente du «djihadisme» islamiste. Ces nouveaux Balkans l'attirent de manière irrésistible. Les intérêts de la France et des islamistes sont les plus lisibles dans cette crise. L'une y préserve le nerf de son industrie électronucléaire. L'autre y saisit une occasion unique de précipiter ses ennemis dans «un conflit en chaîne». La précipitation de la confrontation, en ce mois de janvier 2013, répond d'abord à l'agenda des islamistes. Collatéralement, et ce n'est pas pour déplaire à Paris, elle consolide le leadership de la France dans cette zone. La France se pose en garante de l'intégrité territoriale du Mali. Elle agit par l'entremise de la Cédéao, qu'elle érige en interface qui la distancie formellement des évènements, mais, dans le même temps, lui en assure le contrôle. Les islamistes font le choix de la confrontation immédiate pour faire sauter cette interface et impliquer directement l'Europe, avec la France en tête de pont. Une façon pour eux de planter le décor d'une guerre de religions. Les autorités de transition, en place à Bamako, ne sont pas en reste. Elles tirent leur épingle du jeu, et trouvent leur compte dans la légitimation française. Le pouvoir réel, exercé par le capitaine Sanogo à partir du camp de Kati, se voit réhabilité. Il est officiellement appelé à partir à la conquête du Nord. La vision française, pour les besoins de la cause, ne retient de la situation de l'Azawad que la présence des djihadistes. Exit, la cause des populations qui aspirent à l'exercice de leur droit à l'autodétermination. Occultée la crise humanitaire qui y perdure depuis des décennies. Gommées les exactions de l'armée malienne habituée à tailler en pièces les populations de ces régions. L'évidence du péril islamiste cache mal l'opposition de la France au réveil des aspirations autonomistes des populations de l'Azawad, sa crainte de voir ce phénomène déteindre sur le nord du Niger est à peine dissimulée. Les interrogations qui surgissent se rapportent toutes à la position algérienne. Concernée à plus d'un titre par la crise malienne, Alger prétend pouvoir rester en marge du conflit. Question touarègue, sécurité aux frontières, menaces djihadistes, influence néocoloniale de la France... Autant de facettes qui ne peuvent qu'impliquer l'Algérie. Mais, celle-ci fait le choix de l'isolationnisme. Elle disposait pourtant d'un cadre idoine au traitement de la situation. Le Comité d'état-major opérationnel conjoint entre l'Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali, habituellement dénommés les pays du champ, aurait pu être le cadre d'une prise en charge rapide et efficace de la crise de l'Azawad. Ce cadre a été présenté comme une réponse aux velléités d'implantation d'un commandement américain sur le continent. Il a pu être considéré comme une volonté de soustraire cette sous-région à l'influence française. Mais, à l'épreuve du feu, il a été sans aucune efficacité opérationnelle. La presse algérienne a rapporté que des programmations militaires n'ont pas connu d'exécution faute d'avoir obtenu l'aval politique présidentiel. Faut-il conclure à une divergence d'approche entre El-Mouradia et les Tagarins ? L'hypothèse se tient, mais il faudrait plus d'éléments probants pour la soutenir. Il y a tout de même lieu de s'étonner de la réaction algérienne devant l'avancée islamiste vers Bamako. Devant un revers politique sévère, l'Algérie, qui avait misé sur les «Ançar» au point de paraître les chaperonner, s'en est remise à la France. Elle lui a ouvert son espace aérien. L'aviation française est ainsi partie stopper l'offensive islamiste avec l'aval d'Alger ! Pour surprenante qu'elle soit, cette décision s'inscrirait dans la mise en œuvre d'un accord de coopération militaire entre l'Algérie et la France. Cet accord, conclu en 2008 et ratifié cette année, donne une piste pour expliquer le mauvais sort fait au Cémoc dans la crise malienne. Le seul invariant de la position algérienne reste ce curieux «isolationnisme» qu'elle a adopté depuis le début du «printemps arabe». L'Algérie énonce depuis quelque temps «une doctrine» qui interdirait la projection de ses forces armées hors de son territoire. Cette doctrine n'a pas toujours été la sienne. La 8e division blindée du pays a eu à se battre au Sinaï et en Syrie. D'autres unités algériennes se sont battues au Sahara pour protéger les populations sahariennes de l'avancée des forces royales marocaines. Il y aurait eu, entre-temps, un changement de la doctrine militaire algérienne, mais quand ? Comment ? Ce qui est certain, c'est que durant l'ère bouteflikienne, les appareils de contrôle de la société ont supplanté l'institution militaire dans le jeu politique algérien. Ce glissement se traduit par l'inféodation de la politique étrangère du pays aux intérêts de l'oligarchie bureaucratique et de ses alliés et protecteurs étrangers. «L'impératif de survie du système bureaucratique rentier a fini par se poser comme une finalité en soi. Il s'oppose à la préservation de la souveraineté et de la sécurité nationale. Devant le choix exclusif entre sa sécurité et celle de la Nation, le système a choisi sans hésiter, et sur toute la ligne, de préserver la sienne.» La diplomatie algérienne ne défend plus les intérêts du pays, mais ceux d'un système compradore en mal de reproduction. Nonobstant tout cela, et malgré l'état calamiteux du front intérieur lézardé par la politique renonciatrice dite de «concorde nationale», l'armée algérienne possède l'expertise et les moyens nécessaires à l'efficacité d'une intervention dans le Nord- Mali. Non seulement elle possède cette capacité, mais l'intérêt même de l'Algérie appelle cette implication. L'Algérie peut-elle voir d'un bon œil l'enkystement durable du «djihadisme» dans sa profondeur stratégique naturelle ? Après avoir résisté au projet d'instauration d'un Etat théocratique obscurantiste sur son territoire, entend-elle accompagner passivement la construction de cette théocratie à l'échelle de l'aire islamique ? Se laissera-t-elle passivement inclure comme «province» d'une variante «khalifale» du projet du Grand Moyen-Orient ? Apparemment non, puisqu'elle apporte son concours à la France et au projet onusien de la Misma. Mais, la France dans son action n'est pas exempte de relents néocoloniaux, elle occulte la crise institutionnelle consécutive au coup d'Etat du 22 mars, minimise à dessein l'importance des aspirations autonomistes dans l'Azawad et pose sa présence comme un appui à l'armée malienne dans la reconquête du nord du territoire malien. L'implication de l'Algérie dans le cadre de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) changerait toute la donne. Pour faire court, disons que sans l'Algérie, la Misma, c'est la France. Ce qui, en conséquence, a le double inconvénient d'une intervention néocoloniale doublée d'une guerre de religions. La Misma dans cette configuration est un billet confirmé pour le «Sahélistan». En l'absence de l'Algérie, les forces qui s'apprêtent à investir l'Azawad vont consolider, par leurs prévisibles exactions et leurs inévitables outrances, les forces «djihadistes» au sein des populations. Telle que configurée, la Misma est une promesse d'enlisement durable. Elle est inadaptée à la nature du terrain, sans expérience d'interopérabilité, sans oublier les insuffisances sur le plan des effectifs et des moyens. Plus grave, cette force n'a pas suffisamment de «distance » et de «neutralité» pour agir avec mesure et discernement. Elle est loin de pouvoir éviter les haines et passions latentes entre elle et ces populations. La catastrophe est annoncée. L'autre préoccupation, la crise humanitaire. Sur le terrain de guerre, dans les rangs des djihadistes, il y a en vérité peu d'illuminés, les «fous de Dieu», qui ne sont pas en premières lignes, ce sont des centaines d'enfants soldats qui seront massacrés. Ils serviront de chair à canon. Des enfants partis «gagner» de quoi nourrir leurs familles. Hier, c'étaient les légions de Kadhafi qui permettaient, aux populations de cette région oubliée des hommes et des dieux, d'avoir ces revenus. Le succès de la réponse militaire à cette crise dépend de deux volets essentiels : le volet humanitaire et le rapport aux populations. Le volet humanitaire est colossal, aussi immense que le sont les besoins. La place de la
population est centrale et nulle autre force n'est mieux placée que l'ANP pour savoir l'importance de l'adhésion populaire. L'implication directe de l'Algérie transfigurera la Misma. Elle serait un facteur majeur pour faire tomber le caractère néocolonial de cette force. Elle impliquerait une modification majeure du concept opérationnel pour le recentrer sur une opération humanitaire sans précédent. Il faudrait aussi qu'elle intègre l'implication du MNLA au nord et adopte le tracé du fleuve Niger comme limite à l'action des forces armées maliennes au sud. Ainsi, l'action de la Misma ne déterminerait pas les réponses aux différents aspects de la crise malienne. Elle se limiterait à l'extirpation de l'abcès djihadiste et à la stabilisation de la situation pour ouvrir la voie aux solutions politiques qui associeraient l'ensemble des populations du Mali, au Nord comme au Sud. Si l'Algérie fait le pas de s'impliquer dans la Misma, ce serait une avancée pour elle dans sa lutte pour la réforme du système des Nations unies, si elle n'assume pas une telle implication publique, le pire serait qu'elle opte pour une participation honteuse. Entre les deux, il y a l'attentisme qui n'est pas un meilleur choix.


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