Le leader du mouvement tunisien Ennahda a déclaré que le Front Islamique du Salut avait « fait une erreur en ignorant totalement la majorité dominante les laïcs et l'armée », et a reproché à ses dirigeants d'avoir voulu accaparer le pouvoir. Rached Ghannouchi s'est rendu en début de semaine aux Etats-Unis ou il a tenu des entretiens dans des centres d'études et des instituts de recherches sur la victoire des islamistes aux élections en Tunisie, au Maroc et en Egypte. Le célèbre magazine « Foreign Policy » a réalisé une interview du leader d'Ennahda avant-hier dans laquelle il a abordé l'expérience tunisienne et la position du Maroc sur les mouvements islamistes. Il a entre autre déclaré à ce sujet que la victoire du FIS en 1991 avec près de 80% des voix était une « erreur ». Ghannouchi qui était un des plus grands allié du FIS, fin années 80 début années 90, pense que les islamistes en Algérie « ont fait une erreur parce qu'ils ont totalement ignoré la minorité dominante, les laïcs, l'armée et les hommes d'affaires ». Cette « erreur » a selon lui été la cause de « l'arrêt du processus électorale », faisant référence à l'intervention des hauts gradés de l'armée pour obliger le président Chadli Ben Jedid à démissionner et à annuler les résultats des premières élections législatives multipartiste du pays depuis l'indépendance. Ghannouchi a précisé que l'Algérie continue toujours aujourd'hui de souffrir des répercussions de l' « erreur » des islamistes, et de l'intervention de l'armée pour arrêter le processus électoral, et pense que la constitution d'un gouvernement d'unité nationale aurait pu empêcher ce qui est arrivé à l'Algérie. Les déclarations de Ghannouchi sur ses alliés et ses amis sont surprenantes, alors qu'il avait été traité en ennemi par les autorités algériennes, dans les années 90 en raison sa vision et ses positions similaires à celles du FIS. Ces déclarations reflètent donc la nouvelle relation entre Ghannouchi et le gouvernement algérien après sa visite le 21 novembre dernier. Concernant la victoire de la formation des frères musulmans aux élections du parlement en Egypte, Ghannouchi a déclaré qu' « devrait s'allier avec les partis laïcs même s'ils sont une minorité, et avec les coptes également et les proches de l'armée ». Il pense que sont des « minorités mais qui sont extrémisent influentes ». Et pour que les islamistes réalisent une victoire complète, Ghannouchi leur conseille de se réunir avec les « minorités » dans un gouvernement de coalition. Le discours de Ghannouchi est caractérisé par beaucoup de pragmatisme particulièrement lorsqu'il déclare dans le même entretien que les Etats-Unis « a eu raison cette fois en soutenant les peuple au lieu des dirigeants ».