Alexandrie-Alger : une destination amicale, filiale... (Rires). Je ressens un bonheur très spécial d'être ici en Algérie. J'ai des amis algériens que j'aime beaucoup. Bien sûr, j'y suis venu tellement souvent que c'était inévitable de tomber amoureux. Elles sont jolies les Algériennes avec des yeux extraordinaires. Le regard est très beau. (Rires). J'adore l'Algérie avec son caractère merveilleux, nerveux, violent, et tout ce que vous voulez. Seulement, quand on aime, on ne compte pas. C'est difficile de chercher à savoir pourquoi. C'est toujours le retour de l'enfant prodigue et prodige... Je suis très heureux de revenir ici. Et je n'oublierai jamais le beau geste que Ahmed Rachedi, le réalisateur de L'Opium et le bâton, avait fait pour moi. Il avait sauvé vraiment ma carrière à l'issue d'un ostracisme de « La Mouassassa », l'institution du cinéma d'alors en Egypte avec des bureaucrates qui l'ont coulée. Alors que je me préparais à tourner mon film, Ahmed Rachedi m'envoie un télégramme avec un seul mot : viens ! Et il m'a demandé sur quoi portait le film. Je lui ai expliqué que c'était autour de la guerre de 1967, une défaite. Il faut avoir l'audace de parler d'une défaite. Il m'a dit : alors, on le fait ensemble. Une longue et belle histoire d'amour entre vous et l'Algérie... Oui, depuis très longtemps. Et puis, c'était une coopération très positive. A l'époque, de jeunes réalisateurs s'étaient rendus alors en Egypte pour travailler ensemble. On avait fait de beaux films comme Le Moineau et Le Retour de l'enfant prodigue. Je ne suis pas tombé amoureux de l'Algérie, mais des Algériens. Vous savez quand je termine un film, la première copie est toujours destinée à l'Algérie avec Cirta Films, même dans les récents moments durs de l'Algérie. Le coup de foudre avait commencé déjà avec Gamila Gazaïri... Oui, vous (Algériens) étiez en pleine guerre. Je ne comprenais rien. La seule Casbah que je connaissais était celle de Pépé Le Moko. Je n'étais jamais venu en Algérie. En fait, c'était l'idée de Magda, la productrice qui s'était disputée avec le metteur en scène Azzeddine Zulfikar, lequel avait insisté que ce soit moi. C'est la même histoire avec Saladin où Zulfikar était très malade et m'avait juré que je le ferai à sa place. De peur de la convoitise et de la médiocrité de son frère quant à la réalisation de ce film. Quel regard portez-vous sur le cinéma du monde arabe ? On devrait dire : quel regard portez-vous sur le monde arabe ? Il n'y a pas deux pays qui se parlent. Tout le temps en lutte avec vos voisins (Le Maroc). Et chaque président veut être le « dieu » du monde arabe. A quoi rêve Youssef Chahine ? A faire des films. Alors, vous ne chômez pas... J'ai des idées, des projets et des scénarios sur la famille des Médicis et la Messalina, une tueuse d'hommes absolument sadique.