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« Je ne crois pas au rêve américain, c'est un leurre... »
Youssef Chahine. Réalisateur égyptien
Publié dans El Watan le 11 - 12 - 2004

Le grand cinéaste égyptien Youssef Chahine est en Algérie pour l'avant-première nationale de son dernier film Alexandrie... New York. Le grand retour de l'enfant terrible, prodigue et prodige.
Vous avez fait bon voyage Alexandrie-Alger-New York ?
(Rires). Je ressens un bonheur très spécial d'être, ici, en Algérie. J'ai des amis algériens que j'aime beaucoup. Bien sûr, j'y suis venu tellement souvent que c'était inévitable de tomber amoureux. Elles sont jolies les Algériennes avec des yeux extraordinaires. Le regard est très beau. (Rires). J'adore l'Algérie avec son caractère merveilleux, nerveux, violent, et tout ce que vous voulez. Seulement, quand on aime, on ne compte pas. C'est difficile de chercher à savoir pourquoi.
Le retour de l'enfant prodigue et prodige...
Je suis très heureux de revenir ici. Et je n'oublierai jamais le beau geste qu'Ahmed Rachedi, le réalisateur de L'Opium et le bâton, avait fait pour moi. Il avait sauvé vraiment ma carrière à l'issue d'un ostracisme de « La Mouassassa », l'institution du cinéma d'alors en Egypte avec des bureaucrates qui l'ont coulée. Alors que je me préparais à tourner mon film, Ahmed Rachedi m'envoie un télégramme avec un seul mot : viens ! Et il m'a demandé sur quoi portait le film. Je lui ai expliqué que c'était autour de la guerre de 1967, une défaite. Il faut avoir l'audace de parler d'une défaite. Il m'a dit : alors, on le fait ensemble.
Une longue et belle histoire d'amour entre vous et l'Algérie...
Oui, depuis très longtemps. Et puis, c'était une coopération très positive. A l'époque, de jeunes réalisateurs s'étaient rendus alors en Egypte pour travailler ensemble. On avait fait de beaux films comme Le Moineau et Le Retour de l'enfant prodigue. Je ne suis pas tombé amoureux de l'Algérie mais des Algériens. Vous savez quand je termine un film, la première copie est toujours destinée à l'Algérie avec Cirta Films, même dans les récents moments durs de l'Algérie.
Le coup de foudre avait commencé déjà avec Gamila Gazaïri...
Oui, vous (Algériens) étiez en pleine guerre. Je ne comprenais rien. La seule Casbah que je connaissais était celle de Pépé Le Moko. Je n'étais jamais venu en Algérie. En fait c'était l'idée de Magda, la productrice qui s'était disputée avec le metteur en scène Azzeddine Zulfikar, lequel avait insisté que ce soit moi. C'est la même histoire avec Saladin où Zulfikar était très malade et m'avait juré que je le ferai à sa place. De peur de la convoitise et de la médiocrité de son frère quant à la réalisation de ce film.
Alexandrie... New York est un film émouvant et autobiographique. Chahine vu par Chahine...
Vous savez lors du tournage d'Alexandrie... New York, j'ai beaucoup pleuré. Le film est excessivement émouvant. Je suis retourné à une période de ma vie en Amérique où j'étais très heureux. J'ai été aux Etats-Unis une trentaine de fois. Entre-temps, j'ai entretenu la relation avec la fameuse Ginger (Yousra dans le film) pendant longtemps. Quant à la question si j'ai eu un enfant aux USA, je réponds je ne sais. Alors, si vous considérez que j'ai un fils en Californie, je dois avoir au moins des jumeaux en Algérie (rires), cinq ou six à Paris, peut-être un ou deux à Tokyo. C'était vraiment reprendre mes 17 ans et les revivre très intensément. Grâce à Dieu, nous avons fait un film très touchant.
C'est aussi un hommage et un réquisitoire à l'endroit de l'Amérique...
Oui, j'ai fait les deux. C'était le rêve américain. J'adorais l'Amérique et mes copains américains. Je revoyais le peuple américain dont mes copains. Mais quand ils l'(le président George Bush) ont réélu, j'allais attraper une déprime. Il est analphabète, il parle très mal l'anglais, il ne connait que cinq mots : terrorisme et we will preveal (nous allons gagner). Il a un smurk (un sourire forcé). Il est terriblement ignorant pour mener une guerre à une religion. Il pensait à une nouvelle Croisade. Il est de l'extrême droite américaine. On dirait qu'il appartient à une secte comme Born Again. Moi, personnellement, je n'aime et n'aimais pas le changement qui arrivait en Amérique. La décadence. Dans les années 1940, c'était le glamour et la comédie musicale et maintenant, la violence, le sang... Et ce que fait l'Amérique en Irak et ce qu'elle a déjà fait en Afghanistan.
Vous décriez l'hégémonisme collatéral américain...
Que veut dire le réformisme et le Grand Moyent-Orient. Du coup, on deviendra tous des démocrates et pourtant c'est lui qui a créé et aidé Ben Laden, Saddam Hussein... Il a un double jeu. C'est comme nos dictateurs (du monde arabe), maintenant, il les reçoit avec le tapis rouge et en même temps, il parle de réformisme. Lequel ? On va changer tous les cinéastes, toutes les danseuses du ventre ? Il voudrait, tout simplement, que tout le Moyen-Orient soit sous l'égide d'Israël. Il trouve qu'Israël est le pays le plus démocrate. Il oublie qu'Israël est en train de faire exactement la même chose que ce que les nazis leur faisaient. Normalement, après la Shoah, on devient cent fois plus humain. Ils le font payer aux autres maintenant. Il est tellement hâbleur et tricheur...J'étais très déçu par sa réélection. Je termine clairement mon film en soulignant que le dialogue arabo-américain n'aura jamais existé. Si vous croyez encore au rêve américain, c'est un leurre. Cela ne marchera jamais.
Votre court métrage du film collectif 11'09””01 September 11 est aussi pamphlétaire...
Cela n'a pas du tout plu aux Israéliens. Ils n'ont pas aimé les raisons et les causes poussant un être humain à devenir une bombe humaine. L'humiliation continue d'un peuple entier. Il n'y a qu'à voir ce qu'ils ont fait des Palestiniens...
Mais vous êtes éperdument fan de comédie musicale...
Ah cela, j'adore. J'aime toutes les musiques. De la plus idiote même arabe à celle de Bach.
Vous faites référence à Bizet, Kamel Ettaouil, Abdelhalim Hafez, Fred Astaire...
Oui, toute la musique de la séquence de Carmen est de Kamel Ettaouil. Et puis j'adore le flamenco. Vous savez, je voulais tourner une partie du Destin, ici, en Algérie. Mais c'était difficile de tourner, il y a dix ans.
Et celui de Leïla Mourad pour le cinéma d'Oum Eddounia...
(Rires). Leïla Mourad a été la supervedette pendant très longtemps.
Quel regard portez-vous sur le cinéma du monde arabe ?
On devrait dire : quel regard portez-vous sur le monde arabe. Il n'y a pas deux pays qui se parlent. Tout le temps en lutte avec vos voisins (Le Maroc). Et chaque président veut être le « dieu » du monde arabe.
A quoi rêve Youssef Chahine ?
A faire des films.
Alors, vous ne chômez pas...
J'ai des idées, des projets et des scénarios sur la famille des Médicis et la Messalina, une tueuse d'hommes absolument sadique.


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