La diplomatie iranienne, particulièrement active ces derniers temps, a mis beaucoup de temps pour préparer la 15e conférence ministérielle du Mouvement des pays non alignés (MNA), qui s'est ouverte hier à Téhéran. Cela fait plus d'une année que cette rencontre est au cœur du dispositif stratégique de l'Iran. Le président Mahmoud Ahmadinedjad a, lui même, veillé pour que la plupart des pays membres du MNA soient présents à Téhéran. Face au rouleau compresseur des pressions occidentales en raison du programme nucléaire, l'Iran entend s'entourer des pays alliés pour créer ce qui ressemble à un contre-poids. Mahmoud Ahmaninedjad a appelé, hier à l'ouverture de la conférence, à bâtir « une alliance de paix », formée des pays non alignés pour « prévenir toute agression extérieure », à l'image du principe qui régit l'Alliance atlantique nord (OTAN), mais dans un sens politique. Selon lui, l'influence des grandes puissances est en baisse. « Elles sont arrivées à la fin de leur ère et nous en sommes au début d'une nouvelle », a-t-il dit. Constitué de pays émergents, le Mouvement des non alignés, qui regroupe, entre autres, l'Inde, l'Indonésie, le Pakistan, Cuba, l'Algérie, l'Afrique du Sud, l'Iran, la Malaisie et l'Egypte, concentre les deux tiers des Etats membres de l'ONU, plus de la moitié de la population mondiale et une bonne partie de la croissance économique actuelle. Le Brésil, qui n'est pas encore membre, s'intéresse de près au MNA depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir et siège en tant que pays observateur. « Les pays non alignés peuvent plus que jamais utiliser la situation unique dans laquelle ils se trouvent pour régler les problèmes mondiaux et réformer le système politique et économique international », a appuyé le président iranien. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Mohammad-Ali Hosseini, qui assure la présidence de la conférence, a, cité par l'agence Irna, condamné « l'approche unilatérale adoptée par les puissances arrogantes ». Manouchehr Mottaki, chef de la diplomatie iranienne, a prôné des consultations régulières entre les 118 Etats membres du Mouvement non alignés. Manière de maintenir sur la scène internationale cette organisation plurilatérale toujours en quête de relance. Présent à Téhéran, Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré que le MNA aurait dû engager des réformes après la chute de l'Union soviétique en 1991. Depuis la conférence de la Havane, à Cuba, en 2006, le MNA, né en1961, tente de gagner du terrain et de s'imposer comme un forum international crédible. Son retour est renforcé par l'émergence du mouvement alermondialiste qui perturbe toutes les grandes réunions des pays les plus industrialisés comme le G8 ou le forum de Davos. Le MNA a refusé d'appliquer les règles du « Consensus de Washington », que défend notamment le FMI et destinées aux économies faibles du Sud. A Téhéran, où Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, représente l'Algérie, plusieurs thèmes d'actualité seront abordés comme la sécurité internationale, la lutte contre le terrorisme, les flux migratoires, les droits humains, les nouvelles technologie de la communication, la réforme des Nations unies... L'Iran souhaite un soutien du Mouvement pour accéder au statut de pays non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Un conseil qui ne cesse de demander à l'Iran de « suspendre » les expériences nucléaires et de dresser des sanctions.