En baisse par rapport aux années précédentes, les émeutes ont quand même rythmé l'année qui s'achève, particulièrement dans une région réputée calme, le Sud. Ouargla, Adrar, Ghardaïa, Djelfa, Bordj Bou Arréridj et Khenchela ont été le théâtre de manifestations souvent violentes. A quelques différences près, les émeutiers dans ces régions se sont soulevés contre la précarité de leurs conditions de vie, en réclamant travail, dignité, justice. Les émeutiers, des jeunes dans leur écrasante majorité, se sont livrés au mois de février à des actes de saccage dans la wilaya de Ouargla afin de réclamer leur embauche dans le secteur pétrolier. Réprimés par la force publique, ces soulèvements ont été exacerbés par le mutisme, voire le mépris affiché par les autorités locales. Ils se propageront quelques jours plus tard à Touggourt, où des manifestants s'en sont pris au cortège du président Bouteflika, en visite d'inspection dans la région. La thèse de la manipulation a été retenue par le ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, car les émeutes sont survenues avant l'élection présidentielle du 8 avril. Mais l'élection passée, les manifestations ont repris de nouveau, notamment à Skikda, Bouira, Hassi Messaoud, Khenchela, ou encore à Batna, dans la localité de T'kout. Après une relative accalmie, le feu a pris à nouveau, à la mi-octobre, dans la wilaya de Ghardaïa, après une opération d'inspection effectuée par les agents de contrôle de la qualité et des prix. La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh), dont des représentants locaux ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire, a dénoncé une inspection sélective, n'ayant pas inquiété les vendeurs à la sauvette et les grossistes, dans une région où le commerce se fait sans factures. Ce qui a entraîné une riposte violente des commerçants. La Laddh a estimé que ce type de soulèvements est une conséquence directe de l'état d'urgence décrété en 1992, qui empêche les manifestations pacifiques en fermant les champs d'expression.