L'écrivain Salman Rushdie veut faire interdire un livre qui, selon lui, le décrit comme un homme méchant, arrogant et insupportable. Cet ouvrage Au Service de Sa majesté est l'autobiographie d'un ancien policier britannique ayant protégé l'auteur des Versets sataniques, lorsqu'il était menacé de mort par des islamistes. Au Service de Sa Majesté, censé paraître la semaine prochaine, n'est qu' « un ramassis de mensonges », a déclaré Salman Rushdie, samedi, à l'Associated Press. Son avocat, Me Mark Stephens, a affirmé avoir écrit, mercredi dernier, à l'éditeur John Blake Publishing Ltd., pour lui demander de retirer le livre et d'en effacer « tout ce qui est faux concernant notre client et ses amis, les diverses assertions qui violent leur vie privée et celles concernant le dispositif de sécurité encore en place ». Le conseil prévient, sinon il entamera des poursuites en justice. Les tentatives de contacter John Blake Publishing par téléphone, samedi, sont restées infructueuses. Dans son autobiographie Au Service de Sa majesté, l'ancien policier de Scotland Yard Ron Evans, coauteur, prétend notamment que Salman Rushdie faisait payer les policiers qui dormaient chez lui quand il faisait l'objet d'une fatwa (décret religieux) appelant à le tuer pour son livre Les Versets sataniques (1988) jugés blasphématoire par le guide de la Révolution islamique en Iran, l'ayatollah Khomeiny. Ron Evans affirme aussi que les gardes de l'écrivain le surnommaient Scruffy (minable) et qu'il leur est arrivé d'en avoir tellement assez de le supporter qu'ils l'ont enfermé dans un placard pour aller au pub. « C'est totalement inventé », rétorque Salman Rushdie, aujourd'hui âgé de 61 ans. « Rien de semblable, ni de près ni de loin, n'est jamais arrivé au cours des neuf ans pendant lesquels j'ai reçu une protection policière. Je veux simplement protéger ma réputation de ce ramassis de mensonges. » Ron Evans, qui a quitté la police pour travailler dans une société de sécurité privée, a été déclaré coupable de fraude comptable en 2005. Rushdie, qui s'exprime également dans l'édition de samedi du Guardian, lui reproche aussi de mettre en péril la vie des personnes protégées par la police en révélant des détails des opérations secrètes de Scotland Yard qui reviennent selon lui à « fournir une feuille de route à ceux qui auraient de mauvaises intentions ». Il assure que ses relations avec les officiers chargés de sa protection étaient « professionnelles, cordiales et très souvent amicales ».