L'écrivain d'origine indienne Salman Rushdie vient d'être anobli par la reine d'Angleterre au grand dam des Pakistanais. La réaction d'Islamabad est d'autant plus suspicieuse que l'auteur en question a fini par être oublié, autant chez les Occidentaux que chez les musulmans. Rushdie fut, en effet, très critiqué par ces derniers pour son livre Les Versets sataniques, jugé blasphématoire pour l'Islam. À l'époque, dans les années 1990, cette publication avait soulevé un tollé identique à celui provoqué récemment par les caricatures danoises sur l'Islam. Tanim Aslam, porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, a affirmé que son pays déplorait la décision d'Elisabeth II d'anoblir Salman Rushdie. Londres a défendu la décision de sa reine par la voix de son ambassadeur à Islamabad. Selon ce dernier, l'honneur fait à Rushdie est “amplement mérité”, rappelant que l'écrivain britannique, d'origine indienne, a passé des années dans la clandestinité. En 1989, Rushdie a été menacé par une fetwa lancée par le fondateur de la République islamique d'Iran, l'ayatollah Khomeïni qui l'avait alors condamné à mort. La réaction du Pakistan est à relier à la situation de crise que traversent ses autorités fortement contestées et combattues par les radicaux islamistes. D. B.