Tout visiteur qui arrive à Béchar tard dans la soirée ne peut être qu'étonné de voir le spectacle pour le moins insolite qu'offre la ville. Une cohorte de jeunes allongés le long des trottoirs ou sur des plates-bandes s'adonnant à des parties de cartes sous les lampadaires. Ces jeunes sont là, non pas parce qu'ils le veulent, mais parce qu'ils n'ont pas d'autre choix. Ils ne sont pas en mesure de s'offrir des vacances sur les plages du littoral du pays et encore moins à l'étranger. Fréquentent-ils les piscines ? Selon des témoignages, plus de 50% d'entre eux ne savent pas nager et cela s'expliquerait aisément par l'existence de deux piscines seulement pour une ville qui compte plus de 160 000 habitants. Ces deux piscines sont prises d'assaut dès leur ouverture. Le déficit en matière de réalisation de bassins pour la natation est énorme. Cependant, pour les adultes et les familles fuyant le tumulte de la cité urbaine, le choix est très simple. A bord de leur véhicule, plusieurs familles accompagnées de leurs enfants se ruent chaque après-midi sur une étendue de sable au flanc d'une montagne se trouvant à 5 km entre Béchar et Kenadsa, l'ancienne ville minière. Ces familles ne viennent pas pour une cure en s'enfonçant la moitié du corps dans le sable, mais pour y passer quelques heures, distraire leurs enfants et oublier le vacarme assourdissant de la ville. L'afflux à cet endroit est devenu tellement important que les services de sécurité ont jugé utile de renforcer leur présence sur cet axe routier. Prenant conscience du manque de lieux de détente, les autorités locales auraient proposé la création d'un grand parc de détente et de loisirs. Cette proposition a été retenue, affirme-t-on. Mais en attendant que le projet voie le jour, le nombre de personnes qui se ruent vers le sable augmente.