Partis à Tigzirt pour embarquer clandestinement vers l'Europe, Saber et sa femme Kawter apprennent que le départ aura finalement lieu mais de Tighremt, à une centaine de kilomètres plus à l'Est. Le soir, Karim PDP, alias Karim Pas de problème, l'ami qui les a envoyés à Tigzirt, il est désolé et confirme qu'il y a eu un problème, à cause d'une brigade de gardes-côtes arrivée à Tigzirt pour passer des vacances. Tighremt, c'est super ! Vous allez aimer. Je connais bien. Si vous voulez manger du poisson, dites-le moi, j'appelle un copain. Saber a raccroché. Kawter a compris, dans l'œil patient de Saber. Demain, Tighremt ? Oui. Ce premier contretemps est pourtant bien vécu. Il fait beau et la mer est belle. Le soir est agréable et à ce moment-là, personne ne comprendrait qu'on veuille quitter cette terre. On se doutait bien que ça n'allait pas être aussi facile. On aurait dû acheter une voiture. En fait, ils allaient en acheter une. Juste avant la loi Ouyahia, jusqu'à 200.000 DA de taxes en plus. La méthode Ouyahia est en marche, ruiner les Algériens pour qu'ils n'aient même plus de pneus à brûler pour contester. Le lendemain, la route Azeffoun-cap Sigli et son phare qui illumine les clandestins puis Tighremt. Village branché, les pieds dans l'eau, adossé aux montagnes du GSPC, lieu privilégié des Algérois. Saber paye le taxi et descend les valises. La prochaine fois, on prend un bus, avertit Kawter, voyant le budget du départ fondre comme un créponé au soleil. Saber ! Kawter ! Difficile d'aller à Tighremt sans rencontrer des amis. C'est Hichem, copain d'Alger, en short bleu avec des palmes accrochées au cou. Salut Hichem ! Qu'est-ce que tu fais là ? Vacances bien sûr. Vous aussi ? Saber et Kawter se regardent discrètement. Bien sûr, quoi d'autre ici ? Demain, on va faire du bateau. Nous aussi. … A suivre