Mardi, un rapport rwandais sur le génocide de 1994 accuse directement Paris d'avoir été au fait du génocide, de n'avoir rien fait et d'avoir participé activement à ce massacre. La France nie tout en bloc. L'association française Survie demande que la France reconnaisse enfin ses torts. Que faut-il retenir de ce rapport rwandais ? Le plus important dans ce rapport sur le génocide rwandais demeure que les autorités françaises savaient qu'un génocide se préparait. Les militaires avaient en leur possession tous les documents. De plus, ils étaient là. Ils voyaient tout. Ils ont vu les barrages des Houtous qui arrêtaient les Tutsis. La France est le pays qui connaissait le mieux la situation au Rwanda. C'est elle qui a formé la garde présidentielle, les militaires et les milices sur place. Ce rapport prouve que la France et la communauté internationale connaissaient le risque plus que probable qu'un massacre se passe et n'ont rien fait pour l'empêcher. Au contraire, elles continuaient à travailler avec les autorités rwandaises. Ce rapport ouvre donc des pistes pour les suites d'une enquête plus approfondie. Qu'attendez-vous de ce rapport ? Je souhaite que la France ouvre enfin une enquête parlementaire sur le génocide rwandais. En 1998, une mission parlementaire avait été créée. Le président avait prévenu que s'il y avait des nouvelles, alors une enquête parlementaire se créerait. Cette enquête parlementaire est indispensable pour que toute la lumière soit faite. Il faut que la France se regarde dans les yeux et prenne conscience de son passé. Elle doit assumer enfin ses agissements dans sa gestion de la politique africaine. Une enquête comme celle-là permettra que lumière soit enfin faite sur la participation et la responsabilité des militaires français lors de l'opération turquoise. J'attends aussi les annexes de ce rapport. Il renvoie à beaucoup de documents qui ne nous ont toujours pas été transmis. Pensez-vous que la France va reconnaître sa responsabilité ? Je le souhaite. C'est l'occasion pour mon pays de démontrer qu'il peut être une grande nation. Nous sommes actuellement un tout petit pays contrairement à ce que pensent nos dirigeants. Dans le cas contraire, nous, en tant qu'association, nous serons là pour combattre au quotidien cette politique destructive de la France en Afrique. Elle a les clés à travers cette affaire de changer les règles du jeu. Si elle y arrive, la prochaine étape sera d'arrêter de soutenir les dictatures comme au Tchad ou au Gabon. En clair, cesser les arrangements avec les tyrans et aidez les formations de sociétés civiles qui se propagent de plus en plus sur le continent africain.