Les émeutes qui ont éclaté mercredi après-midi à Sidi Aïssa, wilaya de M'sila, ont fait 4 morts et 56 blessés, dont 52 par balle. Au lendemain des violences qui ont pris pour cible l'hôtel En Naga, la ville de Sidi Aïssa entamait une nouvelle journée des plus ordinaires. Les citoyens vaquaient à leurs occupations et la circulation était fluide sur cet important axe routier de la RN 8, reliant Alger à Bou Saada. Hormis les restes de pneus calcinés et les traces de fumée bariolant les murs de l'hôtel, rien n'indiquait que la veille cette paisible ville des Hauts-Plateaux avait été le théâtre d'une nuit d'enfer. L'hôtel de 150 lits, n'étant plus qu'une bâtisse calcinée, réduite en cendres par endroits, où 20 voitures et 2 camions brûlés constituaient le décor de ce complexe touristique classe, inauguré en juin 2005 par l'ex-ministre du tourisme, Noureddine Moussa. « L'horreur a commencé aux environs de 16h », nous dira une victime, rencontrée au niveau de l'hôpital de M'sila où elle a été évacuée. « Je me trouvais à l'intérieur au moment où l'hôtel fut d'abord caillassé puis pris d'assaut par un millier de manifestants. Aucun policier n'est intervenu au moment où les pierres pleuvaient sur l'établissement, avant que l'on commence à tirer de l'intérieur. C'est le propriétaire, Benguenaoui Larbi, alias Daoudi, qui avait riposté en tirant sur la foule. On a perdu tous nos bijoux, notre argent, mais on s'en est sortis, par miracle, de cet enfer », a-t-elle indiqué, visiblement affectée par ces graves incidents. Incidents nés des suites de la mort de Arbaoui Saâd, dit Bariasse, lequel avait eu une altercation, nous dira le secrétaire général de la daïra de Sidi Aïssa, avec le fils du propriétaire de l'établissement hôtelier, qui « est passé avec sa voiture sur le corps de la victime, le blessant grièvement ». Au retour des funérailles, la foule qui a assisté à l'enterrement, considérant cette mort, nous dit-on, comme un acte de hogra, par le fait que le fils du propriétaire de l'hôtel aurait bénéficié d'une certaine impunité et qu'aucune mesure n'aurait été prise contre lui. Ripostant contre cette déferlante humaine, le propriétaire et ses agents de sécurité auraient tiré à bout portant sur la foule tuant 3 personnes et blessant une soixantaine dont 52 par balles de chevrotine. Le propriétaire de l'hôtel, vraisemblablement, à court de munitions, a été par la suite systématiquement lapidé par la foule jusqu'à ce que mort s'ensuive, avant d'être traîné sur plus de 200 m et abandonné sur le bord de la route à quelques mètres du centre des urgences. D'aucuns diront que la fin dramatique vécue par ces personnes et les horreurs qui s'en sont suivies auraient pu être évitées si les services de sécurité avaient fait preuve d'intelligence pour prévenir ces incidents, lesquels, somme toute, étaient prévisibles. Dans cette affaire de Sidi Aïssa, il y a eu une cascade de défaillances dont les conséquences ont été désastreuses. Signalons au passage que le procureur général près la cour de M'sila a ordonné jeudi l'ouverture d'une enquête sur les événements survenus à Sidi Aïssa (M'sila) qui ont fait 4 morts et une soixantaine de blessés. Dans une déclaration faite à la presse à Sidi Aïssa sur les lieux du sinistre, le secrétaire général de la wilaya de M'sila, assurant l'intérim du wali, dira que 15 personnes ont été arrêtées.