La chefferie du gouvernement a vite réagi hier à la publication d'informations dans la presse nationale faisant état d'une instruction émise par Ahmed Ouyahia, chef de l'exécutif, à destination des walis, les exhortant à procéder au gel des projets d'investissements en Algérie jusqu'à nouvel ordre. « Le gouvernement n'a décidé d'aucun gel des projets ou des négociations en cours et aucune instruction en ce sens n'a été adressée à un quelconque service de l'Etat », souligne un communiqué du gouvernement, repris hier par l'APS. Les clarifications du gouvernement se veulent rassurantes envers les investisseurs étrangers « accusés », à tort ou à raison, de mettre beaucoup de beurre dans leurs épinards. Il faut dire que le discours tenu par le président de la République lors de sa rencontre avec les maires prêtaient à confusion. Le chef de l'Etat avait fait son mea-culpa sur sa propre politique économique. Bouteflika a eu recours à des mots durs pour remettre en cause et les investissements des étrangers, y compris nationaux, et le processus de privatisations des entreprises publiques, chantiers menés par Abdelhamid Temmar, envers lesquels s'abattaient les flèches du premier magistrat du pays. « Nous nous sommes trompés », a confessé le premier magistrat du pays. Jamais de mémoire d'Algérien, Bouteflika ne s'est prêté à un tel exercice d'autoflagellation après plus de 9 ans de règne. C'est dire que la machine économique nationale grince, voire est en posture d'immobilisme. Au constat d'échec publiquement établi, le locataire du palais d'El Mouradia n'a pas préconisé de remède. Cela étant et joignant l'acte à la parole de son mentor, le gouvernement du revenant Ouyahia, piqué au vif, a déjà affiché son intention de rapiécer « les haillons » de l'économie nationale. Première décision : introduire de nouvelles mesures afin d'avoir le droit à la récupération des entreprises cédées par les opérateurs étrangers et nationaux et revoir la question du transfert des capitaux vers l'étranger. La vente d'Orascom Cement, propriété du milliardaire Nassef Sawiris, frère de Naguib Sawiris, au groupe français Lafarge pour 8,8 millards d'euros, est restée en travers de la gorge des autorités algériennes. Celles-ci n'ont pas manqué de réagir ! Ces deux mesures décidées en conseil du gouvernement en date 29 juillet dernier ont laissé perplexes les investisseurs étrangers. Le gouvernement Ahmed Ouyahia rappelle dans son communiqué, s'agissant des capitaux étrangers, que le gouvernement « a bien notifié aux différentes administrations concernées que, à l'avenir, l'Algérie entend y détenir la majorité du capital, et ce, en concordance avec ses moyens et ses intérêts nationaux et en conformité avec les usages internationaux qui ne prohibent pas un tel choix ». En estimant que l'Algérie restera « en conformité avec les usages internationaux » en matière d'investissements, le gouvernement veut à tout prix mettre en confiance les investisseurs étrangers. Toutefois, avec des règles du jeu bien algériennes.