C'est à la justice de rappeler à l'ordre, de sanctionner si nécessaire, mais la justice est au service du peuple et pas d'un ordre politique ou pour régler des comptes. » C'est dans ces mots que s'est exprimée, hier, au Centre International de presse, Mme Alima Boumediene Thiery. Sénatrice aux couleurs du parti politique des Verts à Paris, anciennement député parlementaire chargée des accords d'association sur le point relatif aux droits humains, l'invitée commentait son passage en Algérie comme la conséquence logique d'un long parcours professionnel mais également personnel. Sans se donner le droit de commenter une décision de justice, elle s'est avancée à supputer la situation des droits de l'homme en Algérie. « Toutes proportions bien gardées, on ne peut punir de prison un journaliste qui a diffamé ou parjuré », a-t-elle affirmé lors de la conférence de presse. En qualifiant la situation de difficile et complexe, elle relève la responsabilité des journalistes dans leur manière, leur pratique de rédaction ou leurs abus, mais également des organisateurs qui ne donnent peut-être pas les outils nécessaires à une bonne pratique du métier. Convaincue que le message est passé auprès des autorités, elle insistera, d'une part, sur l'intérêt porté par les nations étrangères à la liberté de la presse pour tout échange économique et, d'autre part, sur la volonté des autorités de donner une bonne image de l'Algérie. Et si le programme de réconcilation nationale n'est pas mal jugé par la sénatrice, elle le subordonne à l'approfondissement du processus démocratique. « On ne peut sacrifier sur l'autel de la réconcilation nationale tous les journalistes », a-t-elle scandé. Suite à ses rencontres avec les différentes associations algériennes, les ONG, le ministre de la Communication et le ministre de l'Intérieur ainsi qu'avec le cabinet de la Présidence, Mme Boumediene Thiery garde un regret quant à « la situation des libertés publiques, de la liberté d'expression plus particulièrement ». « Je suis attristée car les journalistes ont défendu la république en restant sur le devant de la scène à une période où le pays était totalement isolé. Ils ont versé leur sang pour cette liberté d'expression », commente-t-elle. Dès son retour en France, la sénatrice compte prendre attache avec le ministre des Affaires étrangères, M. Barnier, pour lui faire part de ses préoccupations.