Simple langage diplomatique ou traduction d'une réelle volonté de faire un geste d'apaisement ? Selon Mme Alima Boumediène-Thiery, sénatrice française, d'origine maghrébine, en Algérie depuis quelques jours, les autorités algériennes seraient “disposées” à faire “quelque chose” au sujet des journalistes incarcérés, particulièrement Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, en prison depuis six mois. “J'ai ressenti chez mes interlocuteurs une volonté de dialogue, une volonté d'écoute, mais aussi de faire quelque chose”, a-t-elle indiqué, hier, à Liberté en réponse à la question de savoir si elle avait saisi chez ses interlocuteurs une volonté de faire quelque geste d'apaisement à l'endroit des journalistes incarcérés. La sénatrice française, qui avait rencontré le directeur du cabinet présidentiel, Larbi Belkheir, et le ministre de la Communication, Boudjemaâ Haïchour, a ajouté qu'il y avait aussi “le souci de ne pas ternir l'image du Président à l'étranger”. Interrogée sur la teneur des discussions avec les autorités algériennes, la sénatrice de Paris (Verts) a expliqué que “la question des droits de l'Homme et des libertés, en particulier de la presse, ont été au centre des débats”. “Nous avons parlé de la question des droits et des libertés de façon générale, mais particulièrement de la presse, qui depuis une année nous avons constaté qu'elle vit des difficultés”, a-t-elle dit. “On nous dit que ça relève du droit commun (à propos des journalistes incarcérés, ndlr), mais quand il y en a beaucoup, c'est qu'il y a problème”, a-t-elle estimé par ailleurs. La parlementaire française n'a pas manqué également, de faire observer qu'à l'heure de la réconciliation, il n' y a pas de raison qu'il n' y ait pas quelque geste d'apaisement. Arrivée, jeudi, à Alger, Mme Alima Boumediène avait rencontré Me Farouk Ksentini, président de la Cncppdh, et certaines ONG. Elle a également rencontré le “Comité Benchicou pour les libertés”, qui lui a remis un dossier et dont les animateurs ont évoqué avec elle la situation du journal Le Matin et les libertés de façon générale. Selon Youcef Rezzoug, animateur du collectif et rédacteur en chef du Matin, Mme Alima Boumediène s'est dit “ne pas comprendre les pressions”. La sénatrice a également rencontré la famille Benchicou et la famille Aoun, directeur du quotidien Er-raï, aujourd'hui fermé. Avant l'escale algéroise, la sénatrice a rencontré à Oran des membres du Snapap, lesquels avaient exposé la situation de cinq syndicalistes révoqués abusivement de la wilaya où ils exerçaient, alors qu'à Relizane, elle a évoqué avec des représentants de la Laddh l'épineuse question des disparus. Selon un communiqué de presse du cabinet de la sénatrice parvenu à notre rédaction, les demandes qu'elle avait formulées pour rencontrer le ministre de la Justice et les directeurs de journaux emprisonnés sont restées lettre morte. à noter, enfin, que la sénatrice française rencontre, aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur et anime une conférence de presse au Centre international de la presse. K. K.