Le doyen des journaux algériens, qui « sévit » en mensuel depuis une année, devient bimensuel. Pour ses responsables, c'est « une grande nouvelle aventure » en attendant de passer une vitesse supérieure, l'hebdomadaire, pour la rentrée prochaine. Son directeur de publication, Bessa Ibnou-Zahir, estime qu'il était nécessaire de choisir « un rythme réaliste » selon les moyens financiers disponibles. En effet, ce journal, créé en 1938, a souvent eu à mettre la clé sous le paillasson. Des autorités coloniales de l'époque jusqu'aux pouvoirs publics de l'Algérie indépendante, ce journal mythique semble avoir toujours été dérangeant. Mais il n'est pas près de lâcher la bride. Déjà, la dernière interruption qui avait duré huit ans n'avait en rien diminué sa vocation : celle de donner le point de vue d'un courant de gauche qui fait partie de cette société. Il reparaissait l'année dernière avec la même volonté de lutter contre l'intégrisme et le capitalisme et pour la démocratie et la justice sociale. « Alger Républicain prend les choses à rebrousse-poil. Nous ne pouvons pas faire l'apologie de l'idéologie libérale dont on connaît les résultats sur un plan international et national », nous précisent le directeur de la publication et le rédacteur en chef. Cependant, pour ses responsables, le passage de cet organe au bimensuel signifie bel et bien une petite victoire : même si le lectorat traditionnel s'est beaucoup réduit (beaucoup ne sont plus de ce monde), il est indéniable que parmi les jeunes, Alger Républicain commence à se faire mieux connaître, voir à captiver une nouvelle audience. Mais pour passer à l'hebdo, voire plus tard au quotidien, il faudrait commencer par lever les contraintes qui subsistent : moyens financiers réduits, ainsi qu'une équipe rédactionnelle limitée. Mais le premier obstacle reste le manque de publicité. Et là, tout dépendra des pouvoirs publics qui, selon le responsable du bimensuel, doivent aller vers « un traitement plus équitable de la distribution effectué par les annonceurs publics ».