La mise sous mandat de dépôt du directeur de deux journaux arabophones Errissala et Essafir pour cause de reproduction des caricatures du Prophète Mohamed du journal danois Jyllands-Posten, a été vivement condamnée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Tout en s'indignant de la suspension des deux publications, la FIJ a appelé à “un” débat robuste “entre les professionnels des médias, qui devait s'amorcer dans les prochains jours à Bruxelles”. Estimant que “les autorités ne doivent pas instrumentaliser le nécessaire débat public”, Bertrand Ginet, responsable de programmes à la FIJ, affirme : “De telles interventions politiques sapent le débat en portant directement atteinte au principe de la liberté d'expression ; en tant que telles, elles sont inacceptables.” Le centre régional de la FIJ à Alger a appelé, pour sa part, à “plus de retenue et de sagesse dans un contexte aussi tendu”. Son coordinateur, Nadir Benseba, estime que “le débat doit être conduit par les professionnels des médias, pas par le gouvernement”. Sa crainte est que “les pressions et les poursuites judiciaires risquent, à l'allure des sanctions qui tombent de prendre des formes d'une nouvelle vague de répression contre les voix indépendantes”. Expliquant la mésaventure de sa publication, Mohammed Fardjallah, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Essafir, a indiqué : “C'est le résultat de l'onde de choc provoqué par la vague d'indignation dans le monde musulman et nous sommes les parfaits boucs émissaires”. Il est à souligner que la reproduction des caricatures de la controverse a eu d'autres victimes : le directeur de l'hebdomadaire Iqra, mis sous mandat de dépôt et deux directeurs des Chaînes A3 et Canal Algérie, dégradés de leur poste de responsabilité. Aussi, la FIJ a-t-elle exigé des autorités algériennes la libération de tous les directeurs de journaux emprisonnés. R. N.