A défaut de soutenir efficacement le front de la lutte contre le terrorisme, le SG du FLN ouvre un nouveau front contre les francophones algériens, présentés comme des traîtres « potentiels » à Dieu et à la nation. Abdelaziz Belkhadem bat de nouveau le rappel des vieux démons de l'arabisation. L'ex-chef de gouvernement, secrétaire général du FLN et ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, s'en va de nouveau en guerre contre les « ennemis » de la généralisation de l'enseignement en arabe à l'université. Intervenant dimanche à l'ouverture de l'université d'été du FLN, tenue à l'université Saâd Dahleb, à Blida, Belkhadem s'en est violemment pris à l'élite francophone nationale. Celle-ci est accusée, entre autres, d'entraver la politique de l'arabisation de l'enseignement universitaire, de menacer la « sécurité intellectuelle » et « linguistique » de la nation et plus grave, de prêter le flanc à l'ingérence étrangère. A défaut de soutenir efficacement le front de la lutte contre le terrorisme, le SG du FLN ouvre un nouveau front, inutile celui-là, contre les francophones algériens, présentés comme des traîtres « potentiels » à Dieu et à la nation. « Il ne serait pas sensé de reprocher à nos ennemis le fait de vouloir anéantir autrui. Nous regrettons par contre que des franges de notre peuple aient adopté le même état d'esprit. Ce que nous redoutons le plus de ceux qui s'accrochent à la langue de l'étranger et qui méprisent la langue du Coran, c'est une allégeance politique. L'allégeance politique s'opère d'abord par la langue, ensuite par la pensée », a déclaré l'ex-chef du gouvernement (voir El Khabar du 25 août 2008). Dans les déclarations du « barbefélène », relevons le curieux amalgame, sciemment entretenu, entre la langue de l'enseignement, sujet à débat et critiques, et la langue du Coran. Remettre en cause la politique de la généralisation de l'enseignement de la langue arabe signifierait, aux termes de cette nouvelle fetwa, faire offense à la langue du Coran. M. Belkhadem, dont le parti est en proie à des frictions internes depuis son limogeage de la tête de la chefferie du gouvernement, ressuscite pour les besoins de la diversion un thème éculé, mais rassembleur au sein du vieux parti. Populiste et démagogue, Abdelaziz Belkhadem a longuement disserté dimanche sur les vertus de l'arabisation à outrance et fait de la défense de la « cause » de la langue arabe, « menacée » par des hordes de francophones et francophiles écervelés et tapis dans les rouages de l'Etat, une obsession que seul justifie le désir de se maintenir en orbite, en prévision des prochains rendez-vous électoraux. « Hizb frença », « le parti de la France » n'est pas toujours celui qu'on pense. Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du FLN, un des historiques de la révolution, revendiquait lors d'une émission radio « Hassad ethakafa » de la radio culturelle une « vision globale des langues » qui les mettrait à l'abri des « exploitations politiques ». Lors de cette émission (diffusée le 14 novembre 2006), Mehri déclarait : « L'arabisation a été imposée par le général de Gaulle. Il (de Gaulle) a voulu mettre en œuvre une stratégie pour faciliter le contrôle d'une société en rébellion. Il l'a rendue obligatoire, y compris pour les Français ; le décret fut signé par Debré et de Gaulle avec bien sûr des arrière-pensées politiques », déclarait l'ancien patron du FLN.