Annoncée pour le mois de juin dernier et retardée pour des raisons qui demeurent encore inconnues, l'opération de relogement des 300 familles habitant la seconde tranche du lieudit Aïn Asker, dans le quartier de Bardo, a montré les défaillances des services de l'APC de Constantine et les contradictions criantes entre les déclarations officielles et la réalité du terrain, souvent dure pour les citoyens concernés. Mercredi dernier, soit deux jours seulement après le tirage au sort effectué au profit des interéssés, de longues files d'attente ont été remarquées tôt le matin devant l'école primaire Okba Ibn Nafaâ, toujours en chantier, improvisée en bureau de réception des recours. Il est inutile de décrire le climat de tension et de colère et la cohue généralisée qui ont nécessité l'intervention énergique d'un important contingent des services de l'ordre. Des dizaines de familles, parmi les propriétaires et les exclus des listes des bénéficiaires, lesquels ont déposé des recours, ont accusé ouvertement la commission de recensement de l'APC de Constantine d'être derrière leur mise à l'écart au profit d'intrus. « Nous n'avons même pas reçu la visite de ladite commission, alors qu'on a vu durant le tirage au sort des personnes étrangères au quartier bénéficier de logements », martèle une dame. Alors que les habitants de Bardo s'interrogent toujours sur les raisons du non-affichage de la liste des bénéficiaires, comme cela a été le cas pour les opérations précédentes, l'on apprend du chef de daïra que 102 noms ont été rayés de la première liste établie par les services de l'APC et ceux de l'OPGI après les enquêtes menées par ses propres services. Le fait marquant de cette opération demeure le recours déposé par 21 familles affectées vers les blocs 1 et 2 du bâtiment R situé à l'îlot 1 de l'unité de voisinage 1 (UV1) à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Les citoyens concernés ont catégoriquement refusé d'occuper des appartements jugés inhabitables. « C'est un immeuble dépourvu de toutes les commodités et qui présente des fissures et des défauts partout ; il a été refusé par les familles relogées lors de la première opération au mois de janvier dernier, il a été juste retapé par un entrepreneur privé mais il est toujours dans un état délabré, pour cela nous refusons d'y habiter et nous exigeons des appartements convenables », ont déclaré les signataires d'une pétition, qui exigent l'intervention du wali. Par ailleurs, l'on apprend que 12 familles, qui ont été écartées lors de la première opération, sont toujours sans logement et habitent, à ce jour, la fourrière communale située à proximité des ateliers de dinanderie de Bardo, dans l'attente d'une éventuelle évacuation. « Les autorités nous ont promis de nous inscrire parmi les nouveaux bénéficiaires mais nous n'avons rien vu venir alors que nous vivons depuis huit mois dans des conditions pénibles », affirme un père de famille. Il faut dire que l'opération de relogement des 300 familles issues du quartier en question a été vivement critiquée par les citoyens qui ne comprennent toujours pas le choix du timing choisi à quelques jours du mois de Ramadhan et de la rentrée scolaire alors que leur évacuation devait se faire depuis trois mois, selon les déclarations des autorités de wilaya. Ils ont contesté par ailleurs la méthode avec laquelle a été menée l'étude des recours, laquelle aurait dû se faire, selon eux, avant d'arrêter la liste définitive et décider l'évacuation des lieux, surtout que de nombreuses personnes ont été rétablies dans leurs droits, de l'aveu même du chef de daïra, qui préside la commission chargée de l'étude des réclamations.